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Quant à la batterie cuirassée greffée sur le dos d’une coque quasi cylindrique, ce ne serait probablement pas, au point de vue de la stabilité, une solution de tout repos. Je croirais plutôt à l’existence de petites tourelles étanches, ou, tout uniment, de pièces (soit fixes, soit à éclipse) qui tireraient au-dessus d’une carapace relativement épaisse renforçant le dos même de cette coque.

Mais on pense bien que, s’il s’agit de cuirassement, de batterie de pièces de 150 millimètres et avec cela d’une belle vitesse et d’une étonnante « endurance[1], » — 24 nœuds en surface ; 16 nœuds en plongée ; 18 000 milles de rayon d’action à la vitesse économique — le déplacement a dû s’accroître dans des proportions considérables. Ce n’est plus à 2 000 tonnes qu’on en est là-bas pour ces mastodontes de la plongée ; c’est bel et bien à 5 000 (4 000 ou 4 300 en surface) que l’on est arrivé.

Et il reste entendu qu’avec sa longueur de 130 mètres environ, le croiseur sous-marin éprouvera pour agir en plongée, surtout dans des mers de profondeur médiocre, les difficultés dont je parlais ici, il y a plus d’un an. Mais comme il est, en définitive, fort capable de se défendre en surface, s’il était surpris dans cette position avant d’avoir pu s’enfoncer, ou bien dans des parages où la plongée lui serait dangereuse, la gravité de l’inconvénient se trouve fort diminuée.

Ce croiseur sous-marin établi sur les routes de navigation de l’Atlantique, ou dans la mer, des Antilles, ou, pourquoi pas ? aux atterrages du cap San Roque du Brésil, n’éprouvera-t-il pas au bout de quelque temps de croisière, de sérieuses difficultés de réapprovisionnement ? Il a, nous venons de le voir, de quoi franchir 18 000 milles à petite allure. Il en verra bientôt la fin, pour peu qu’il veuille faire, de-ci, de-là, quelques chasses à bonne vitesse de paquebots modernes.

D’ailleurs, ce n’est pas seulement de combustible liquide qu’il s’alimente. Il lui faut renouveler les vivres de son personnel, — surtout s’il consent à faire des prisonniers : des neutres, au moins, — renouveler aussi ce qu’on appelle, dans la marine, les matières consommables, en dehors du combustible proprement dit ; il lui faut entreprendre des réparations

  1. Dans le sens que les Anglais donnent à ce mot : faculté de tenir longtemps la mer.