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centaines de tonnes de marchandises, on pense bien que l’idée leur est venue qu’une telle capacité pouvait être utilisée pour le transport de quelques élémens de troupes, moyennant des dispositions spéciales et de minutieuses précautions d’hygiène.

Cette idée sera-t-elle réalisée dans cette guerre ? Je n’en sais rien. Qui pourrait le dire ? Il suffit que l’hypothèse ne soit pas insoutenable pour qu’elle doive retenir l’attention. Nous n’en sommes plus à nous étonner, après tout ce que nous avons vu d’extraordinaire ; encore moins à hausser les épaules, comme le faisaient au début de cette guerre les « gens de sens rassis, » dont la hautaine incrédulité nous a fait tant de mal…

Remarquons, au demeurant, qu’en attendant l’apparition du sous-marin transport, un bâtiment de surface rapide, un des nouveaux grands paquebots allemands pourrait apporter à la division de croiseurs sous-marins que je mets hypothétiquement en jeu les contingens de troupes qui lui seraient nécessaires. Qu’on ne m’objecte pas que ce bâtiment serait intercepté avant d’avoir dépassé la mer du Nord. Rien n’est moins assuré, surtout dans la saison où nous sommes, propice aux surprises, aux forcemens de blocus, aux dérobades habiles. La Moewe, on se le rappelle, a résolu le problème, beaucoup plus facile, évidemment, que celui de la sortie d’une force navale.

Enfin, dira-t-on, il restera toujours aux Alliés la ressource de reprendre à l’ennemi le poste dont il aurait réussi à s’emparer. Ce n’est pas en vain que nous sommes maîtres de la mer. Sans doute ; mais il faudrait alors compter avec les submersibles de bombardement, redevenus sous-marins pour la défense de leur conquête ; et l’affaire ne laisserait pas d’être sérieuse.


Parlerai-je maintenant du submersible de 2 000 tonnes, certainement entré en service et probablement contemporain du commercial Deutschland dont le tonnage n’est guère moindre ? Voici les caractéristiques qu’on lui attribue et il est aisé de voir que ces facultés en font encore un croiseur du large très acceptable pour opérer sur les lignes de communications des Alliés avec l’Amérique : longueur totale, 85 mètres ; quatre moteurs Diesel donnant 7 000 chevaux et 22 nœuds de vitesse en surface (14 en plongée) ; distance franchissable en surface,