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contre les préjudices que cause aux États neutres l’usage sans merci du sous-marin et de la torpille; et là-dessus, sur la corrélation de ces deux actes, il ne serait peut-être pas si téméraire de fonder une induction. Mais nous voulons nous en tenir au fait acquis. C’est, d’autre part, un fait acquis que le gouvernement hollandais, pour ce qui est de la guerre sous-marine, a adopté la même attitude que le gouvernement espagnol, et que, pour ce qui est d’une intervention des neutres dans les ouvertures de paix, ou tout bonnement d’une adhésion à la démarche de M. Wilson, il a gardé, malgré des pressions à peine dissimulées, la plus éloquente, des réserves, celle qui ne s’exprime que par le silence.

Et l’Allemagne même ? Elle avait d’abord joué le mécontentement, la mauvaise humeur ; pour un peu, elle eût demandé de quoi se mêlait M. Wilson, ce compère ou cet instrument de l’Angleterre ? La presse la mieux stylée avait jeté feu et flamme : déranger si maladroitement les affaires de l’Empire, qui allaient si bien! En vingt-quatre heures, tout s’est apaisé, tout a changé. La réponse allemande n’a plus eu pour le Président des Etats-Unis que des complimens, des remerciemens et des sourires. Mais c’est uniquement pour l’attirer où l’Allemagne en voulait venir, non pour le suivre où il voulait aller; c’est une réponse qui ne lui répondait rien. En voici toute la substance : « Le Président, remarquait-elle, souligne ce qui lui tient à cœur en laissant le libre choix des moyens. Un échange immédiat de vues semble au gouvernement impérial être le moyen approprié pour arriver au résultat désiré. Il offre donc... de proposer la réunion immédiate des délégués des États belligérans, dans un endroit neutre... » Relisons maintenant la motion des socialistes italiens, conforme à la motion de leurs camarades allemands, et admirons la constance de l’Allemagne dans ses plans et dans ses fins. Il va sans dire que, chacun selon son talent, l’Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie ont répété, sous le même angle, le même geste, avec plus ou moins de grâce. L’Autriche, en particulier, qui, depuis des siècles, cultive le protocole et perfectionne le cérémonial, a fort galamment salué.

Tant que la réponse écrite de l’Entente n’était pas connue, — et elle a paru mettre quelque lenteur à la rédiger, — les choristes impériaux ont chanté leur plus suave musique. A Washington, l’ambassadeur allemand, le comte Bernstorff, débordait de confiance; à Berlin même, le nouveau sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, M. von den Bussche, entonnait à pleine voix : « Le passé