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Ce beau succès, s’ajoutant à ceux que la 11e division venait de remporter vers Bixschoote, avançait assez nos affaires de ce côté. Malheureusement, sur un autre point du centre et à gauche du pont, la progression rencontrait plus de résistance. Le capitaine de Malherbe, après avoir fait passer le fil de fer et le ruisseau à ses trois sections, les avait déployées en tirailleurs, la première section (enseigne Viaud) à sa gauche. Elles furent prises tout de suite sous le feu des mitrailleuses ennemies. On entendait les cris sourds des hommes à mesure qu’ils tombaient. La section du capitaine de Malherbe, plus ou moins disloquée, parvint cependant jusqu’aux fils de fer de la tranchée allemande : ils étaient intacts. Enervés par cette résistance, nos hommes essayent de les arracher rageusement avec le crochet de leurs baïonnettes. Peine perdue : il faut se coucher dans les betteraves et attendre. Malherbe, resté debout, est atteint par la rafale en se retournant pour observer le mouvement de la compagnie Benoit : deux balles lui ont broyé la jambe ; une troisième balle lui érafle fortement la hanche gauche. Il n’a que le temps d’envoyer un homme de liaison prévenir l’enseigne Viaud qu’il lui passe le commandement. Avec la même tranquillité, du même pas régulier qu’il eût pris à l’exercice, l’homme (Victor Brault) part pour s’acquitter de sa mission et revient en rendre compte au capitaine : il n’a pas été touché, bien que plusieurs balles aient traversé sa capote. Tandis que le quartier-maître Le Boulanger, blessé lui-même, étaye jusqu’au canal la marche chancelante de son chef, le reste de la compagnie, avec l’enseigne Viaud, continue à ramper vers les fils de fer et trouve là un petit fossé où elle est à peu près défilée. Elle y demeurera toute la journée, à demi enlizée, sans pouvoir avancer ni reculer. Viaud lui-même a la clavicule cassée ; il rentrera cependant à la nuit dans nos lignes, avec les débris de sa compagnie, que le maître Paugam a ralliés et dont il a pris le commandement, quand tous les officiers furent hors de combat.

La 4e et la 1re compagnie n’étaient pas sensiblement plus heureuses à la gauche du pont de Steenstraete où elles attaquaient en liaison sous la direction de l’adjudant-major Dordet. Cependant, la 1re compagnie (capitaine Bonnelli) avait débuté assez bien en enlevant deux élémens de tranchée[1] « à

  1. L’Officiel dit même deux tranchées. C’étaient des élémens avancés et en