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des députés était suivie de l’arrestation de 110 représentans sur 136. Notre observatrice aux yeux aigus note aussitôt avec empressement que la Chambre mexicaine, ne cessant de conspirer contre le gouvernement, n’a eu par conséquent que ce qu’elle méritait. Détail significatif et curieux : en dépit de l’anticléricalisme de Huerta, les députés demeurés libres étaient ceux du parti catholique, c’est-à-dire le groupe conservateur et le plus sincèrement intéressé au retour de la paix publique.

À ce moment, le général Huerta, auquel la Chambre n’avait laissé d’autre choix que de se soumettre ou de se démettre, assuma les principaux pouvoirs : Finances, Guerre, Intérieur. Il devenait ainsi l’autocrate du Mexique. En même temps, la présentation de ses lettres de créance par le nouveau ministre d’Angleterre, sir Lionel Carden, donnait à cette situation extraordinaire la ratification solennelle du gouvernement britannique. Vu les étroites et anciennes relations de sir Lionel avec lord Cowdray, chef des vastes intérêts Pearson, très développés au Mexique dans les bassins d’huile minérale, le fait avait une portée évidente et appuyait la thèse de ceux qui ne voyaient dans la crise mexicaine qu’une rivalité de pétrole. « Un seul mot, dit le recueil, le mot oil suffirait peut-être à tout expliquer. »


Devant ce coup de théâtre, le président Wilson ne pouvait rester indifférent. A son tour, il faisait remettre à Huerta un message condamnant la dissolution du Congrès, lui enjoignant de respecter la vte des députés prisonniers et déclarant que, de toute manière, les États-Unis tiendraient pour nulles des élections présidentielles qui se consommeraient dans de pareilles conditions. N’était-ce pas la rupture imminente ? Ces faits alarmans se succèdent pour le jeune ménage durant la première semaine de son arrivée. Mme O’Shaughnessy ne trouve cependant, pour le vieux dictateur, que des paroles d’approbation, écho fidèle des sentimens de son mari. Elle décrit avec soin ce qu’elle appelle l’arbre généalogique de Huerta comme chef de l’Exécutif, savoir : Madéro, président constitutionnel ; Pino Suarez, vice-président constitutionnel. Leur double démission ayant été reçue par M. Lascurain, ministre des Affaires étrangères, celui-ci devenait président provisoire, par suite de la