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par la presse et la parole, les affiches, les brochures répandues à foison, — petits tracts clairs et vigoureux, — ils usèrent de tous les moyens pour inculquer aux non-combattans le sens de leur devoir d’épargne, en s’adressant au cœur et à la conscience de chacun. Dès l’automne de 1915, on pouvait voir sur les murs de Londres leurs premiers placards, que tant d’autres plus explicatifs, mais toujours suggestifs, devaient suivre : make each penny be worth of two[1]. Tout au début de la campagne, un ingénieur fort connu, gagnant plus de cent mille francs par an, s’installe dans un boarding house et vit pour 30 shillings la semaine : c’est un united worker. De même Mme X…, femme d’un riche avocat, cliente des grands couturiers, vivant dans le luxe, se dévoue à l’œuvre et, telle une petite dactylographe, consacre toutes ses journées au travail de la propagande. Combien d’autres cas de propagande par le fait ont vivifié l’œuvre de l’épargne nationale mieux que n’eussent fait vingt speeches ministériels, parce qu’au précepte se joignait l’exemple ! L’une des récentes initiatives des United Workers fut l’Exposition nationale de l’économie, qui se tint à Londres en juillet dernier : vraie leçon de choses, montrant à tous « comment » épargner, et à l’occasion de laquelle fut donnée, sur la question de l’économie, une excellente série de conférences théoriques et pratiques[2].

Le succès de cette campagne privée décida le gouvernement a intervenir, non pas directement, mais par l’intermédiaire d’un comité spécial, le National war savings Committee, qui fut créé par le chancelier de l’Echiquier au début de 1916, comité non politique[3], présidé par M. Kindersley, l’un des administrateurs de la Banque d’Angleterre, et qui se propose, tout en stimulant l’économie dans toutes les classes, de donner aux

  1. Nous dirions : d’un sou faites-en deux. — Au banquet du Lord-Maire, vers le même temps, on lisait au bas du menu, d’ailleurs fastueux à l’ordinaire, ce petit avis : « Mangez moins de viande. »
  2. Plusieurs autres « ligues » se sont formées en Angleterre pour la propagande de l’économie. Citons la National Economy League, la Women’s war economy League, etc.
  3. M. Mackenna avait antérieurement essayé d’organiser, dans le même dessein, un comité politique, le Parliamentary war savings Committee, comprenant les whips parlementaires avec les agens parlementaires provinciaux de chaque parti : l’essai n’avait pas été heureux. — Citons, parmi les pionniers du mouvement pour l’économie en Angleterre, à côté du nom de M. Kindersley, celui de Thon. R. H. Brand, G. M. G.