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II

La nécessité de l’épargne n’apparaît que plus évidente, si du problème de l’économie intérieure on passe à celui de l’économie extérieure du Royaume-Uni et si l’on examine la question des relations économiques de l’Angleterre avec l’étranger. A la différence des Empires centraux, que le blocus oblige à vivre sur eux-mêmes, les Puissances de l’Entente ont à elles le monde entier et toutes ses ressources. Ces ressources, l’un des gages de la victoire finale, elles en usent largement ; mais il faut les payer, et cette question des règlemens internationaux présente pour l’Angleterre une importance d’autant plus grande que l’Angleterre a plus à acheter en dehors, et que d’autre part elle s’est chargée d’aider ses alliés dans leurs paiemens à l’étranger.

Comment se présentait, avant la guerre, le bilan des règle mens extérieurs du Royaume-Uni, ou, suivant l’expression consacrée, sa balance économique ? En 1913, année moyenne, le Royaume-Uni a importé pour 768 millions sterling de marchandises, il en a exporté (ou réexporté) pour 634 millions, soit un excédent d’importation de 134 millions, représentant le débit du compte, en regard duquel se plaçait le crédit : 200 millions environ de revenu des capitaux placés au dehors, plus 120 à 150 millions provenant du fret maritime et des opérations internationales de banque et d’assurance. Bon an, mal an, le Royaume-Uni restait en fin de compte créancier de l’extérieur pour une somme moyenne et très approximative de 200’millions sterling, qu’il replaçait d’ailleurs à l’étranger.

La guerre déclarée, les exportations anglaises commencèrent par baisser très fortement, pour se relever ensuite d’une façon remarquable, sans toutefois revenir tout à fait aux chiffres antérieurs. Quant aux importations, elles se sont accrues depuis deux ans dans d’énormes proportions, de sorte que le débit de la balance, qui ne dépassait pas 134 millions de livres en 1913, s’est élevé en 1914 à 170 millions, en 191o à 370 millions, et pour les dix premiers mois de 1916 à 276 millions, ce qui laisse prévoir un total de 330 millions pour l’année 1916, soit deux fois et demie le chiffre d’avant-guerre. Ajoutons à cela le montant