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Tout d’abord, qu’il soit destiné aux reconnaissances ou aux bombardemens, la valeur d’un aéronef de guerre dépend avant tout de sa vitesse. En effet, celle-ci, si elle est augmentée, lui permet en un temps donné de parcourir un plus long trajet avant que la déperdition des gaz l’oblige à regagner son port d’attache ; elle augmente donc son rayon d’action. D’autre part, elle augmente dans le temps comme dans l’espace même ses capacités d’utilisation : en effet, un ballon ne peut gouverner qu’à la condition que le vent ne soit pas égal à sa vitesse propre ; un ballon à grande vitesse pourra donc évoluer en des circonstances météorologiques incompatibles avec la sortie d’un autre moins rapide, donc beaucoup plus souvent que celui-ci. Or un engin de guerre ne doit pas être l’esclave du temps qu’il fait. Enfin une grande vitesse augmente la sécurité d’un aéronef en lui permettant d’échapper plus facilement à la poursuite des avions, au repérage des projecteurs et au tir des batteries.

Le meilleur moyen d’augmenter la vitesse d’un aéronef de forme donnée est d’augmenter son cube ; la force ascensionnelle plus grande permet d’utiliser des moteurs plus puissans. Mais, objectera-t-on, en revanche la résistance à l’avancement dans l’air augmente elle aussi avec le volume du ballon et tend à diminuer la vitesse ; ne suffit-elle pas à balancer l’augmentation de la puissance des moteurs ? Non, et il est facile de voir pourquoi : la résistance à l’avancement dans l’air d’un ballon de forme donnée est évidemment proportionnelle à sa surface externe, c’est-à-dire au carré de ses dimensions ; d’autre part, la force ascensionnelle est proportionnelle à son volume c’est-à-dire au cube de ces dimensions. Lors donc que la longueur du ballon et sa largeur sont doublées, la résistance à l’avancement est quadruplée tandis que la force ascensionnelle est rendue huit fois plus grande. Donc la force ascensionnelle augmente, proportionnellement, beaucoup plus vite que la résistance à l’avancement avec le volume du ballon.

A côté de la vitesse considérable dont ils sont capables, les aéronefs de très grand cube ont encore l’avantage de pouvoir emporter une charge bien plus considérable de projectiles et de combustible, ce qui augmente à la fois la puissance et le rayon de leur action, d’autant qu’un gros ballon se dégonfle bien moins vite qu’un petit, les pertes d’hydrogène étant « fonction » de leur surface et non de leur volume. Telles sont les principales raisons qui expliquent l’effort récent de l’Allemagne dans la construction de dirigeables énormes.