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en échelons des armées de l’Est, essayant de déboucher de la région des Étangs, la disposition en échelons refusés de droite à gauche de toutes nos armées s’appuyant l’une l’autre, et le soin avec lequel on garde en réserve la très importante 4e armée (Langle de Cary) qui doit devenir, au jour de l’offensive, la masse de manœuvre et, en se portant au point décisif, produire l’événement.

Tout à coup, on apprend que les armées allemandes ont violé les neutralités belge et luxembourgeoise. Elles occupent le grand-duché et ont enlevé Liège ; elles se massent derrière la Gette. On ne sait pas encore si elles allongeront leur aile tournante jusque vers la mer pour se rabattre sur la Sambre ou si elles déboucheront sur la Meuse ou même sur la Semoy.

Quoi qu’il en soit, il faut parer à tout événement.

Est-ce le moment de s’enfoncer en Allemagne en laissant la France et Paris à découvert ? Mais, d’autre part, faut-il renoncer au bénéfice de l’initiative et de l’offensive ?

Le haut commandement français prend rapidement les mesures qu’une variante de notre plan de mobilisation a prévues, en cas de violation de la neutralité belge : il ordonne le mouvement en oblique à gauche qui porte la 5e armée et toutes les réserves disponibles sur la Sambre ; la 4e armée se rapproche de la frontière pour combler le vide ainsi produit ; des forces empruntées à notre droite, c’est-à-dire aux armées de l’Est, viennent renforcer notre gauche, c’est-à-dire les armées de l’Ouest.

Mais ces dispositions nouvelles ont pour effet de déplacer l’axe de nos armées et, par conséquent, d’appliquer leur force de propulsion sur un autre point. Atteindre le Rhin par l’Alsace, par Strasbourg et par Mayence ne peut plus être l’objectif. Reste l’autre alternative. Puisque nos forces principales sont, maintenant, à proximité de Metz, pourquoi l’offensive ne se porterait-elle pas dans cette direction ? A la campagne du Rhin par Strasbourg et Mayence, on substituera le débouché par la Moselle en masquant ou en tournant Metz ou Thionville et en progressant, cette fois, vers Trêves.

Dans la situation donnée, ce plan présente aussi des avantages : d’abord, il garde une porte ouverte vers l’Allemagne ; deuxièmement, il menace de flanc les armées allemandes qui semblent progresser d’Est en Ouest pour se jeter sur la Meuse à travers la Belgique ; en troisième lieu, il maintient la liaison