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Les corps s’échelonnent selon cette ligne oblique et ils forment en quelque sorte un escalier dont le degré supérieur est vers Givet, tandis que le degré le plus bas est vers Étain. Mais c’est un escalier renversé.

Il résulte de cette disposition que, ayant reçu tous également l’ordre de se porter « droit au Nord, » les corps d’armée montent comme s’ils grimpaient une échelle à l’envers, formant non une ligne de front face à l’ennemi, mais une disposition en zigzag qui lui présente le flanc. Au moindre retard d’un de ces corps, un décrochement peut se produire entre lui et l’échelon voisin. Alors la liaison est compromise. En revanche, au moment où les combats s’engagent, l’ennemi s’avance, comme nous l’avons vu, d’Est en Ouest avec une légère inclinaison au Sud. Il se trouve ainsi porté, pour ainsi dire naturellement, à entrer dans le flanc échelonné que lui présentent les forces françaises.

En fait, les attaques allemandes se produisent presque toujours à l’improviste et toujours sur notre flanc droit. Ce fut là, sans doute, la plus grave cause de nos échecs. Les corps lancés en avant et parfois décrochés par leur mouvement même, étaient pris par la racine, ils étaient coupés des corps voisins, coupés de leurs communications et l’élan même des troupes était préjudiciable au succès général. Ainsi il en arriva au 17e corps, qui se plaignit lie ne pas être protégé à droite ; ainsi à la brigade Goullet qui, à Neufchâteau, attendit la 3e division coloniale ; ainsi au 12e corps qui fut attaqué par Izel-Jamoigne, tandis que son avant-garde se repliait de Rossart ; ainsi au 6e corps, dont l’élan fut brisé par l’attaque subite se produisant sur Spincourt.

La même cause produisit partout les mêmes effets.

On peut admettre, encore une fois, qu’une manœuvre plus complexe, profitant de l’abri des bois, — qui, au contraire, nous desservit, — eût cherché, sur la vaste ligne d’attaque, le point faible de l’ennemi. Ce point faible eût pu être déterminé assez-facilement : en raison de la marche de ces colonnes que les avions signalaient, il était évident que l’armée von Hausen n’avait pas encore occupé la place qui lui était assignée le 22, quand les premiers engagemens se produisirent. À cette date, entre l’armée du duc de Wurtemberg et la Meuse, il y avait un trou. Peut-être eût-on pu profiter de cette circonstance pour lancer une attaque vigoureuse de ce côté, tandis que le reste de