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retour de toute catastrophe capable de nous submerger encore une fois. Quiconque aime l’humanité, quiconque a l’esprit sain et capable de réflexion, doit nécessairement considérer ce point comme acquis.

Il serait inconcevable que le peuple des États-Unis ne jouât point de rôle dans cette grande entreprise. En prenant part au service qu’il s’agit de rendre, il saisira l’occasion qu’il a cherchée, en vertu des principes et des buts mêmes de sa politique, et en vertu de la conduite qu’il a approuvée chez son gouvernement, dès l’époque où il s’est constitué en une nation nouvelle : il avait alors la haute et honorable espérance d’indiquer à l’humanité, par toute sa manière d’être et d’agir, le chemin qui mène à la liberté. Les États-Unis ne peuvent pas, c’est un devoir d’honneur, refuser le service qu’on va maintenant leur demander. Ils n’ont pas le désir de le refuser. Mais ils se doivent à eux-mêmes, et ils doivent aux autres nations du monde, de déclarer à quelles conditions ils se sentiront libres de le rendre.

Ce service n’est pas moins que ceci : les États-Unis ajouteront leur autorité et leur pouvoir à l’autorité et à la force d’autres nations, pour garantir la paix et la justice à travers le monde. Un pareil règlement ne saurait être retardé longtemps, désormais. Avant qu’il se produise, il est juste que le gouvernement des États-Unis formule Franchement les conditions auxquelles il se sentirait autorisé à faire approuver par notre peuple son adhésion formelle et solennelle à une ligue pour la paix. Je suis ici pour essayer d’exprimer ces conditions… Aucune union, aucune paix concertée qui ne comprendra pas les peuples du Nouveau Monde, ne saurait suffire à préserver l’avenir de la guerre… Ces élémens de la paix doivent s’accorder avec les croyances politiques et avec les convictions pratiques que Les peuples d’Amérique ont, une fois pour toutes, embrassées et entrepris de défendre.


Le principe de l’indépendance des nations interdit aux Etats-Unis de « mettre un obstacle à aucune clause de paix que les gouvernemens actuellement en guerre pourraient stipuler ensemble ; » mais, le cas échéant, ils offrent avec joie de collaborer à la création d’une force supérieure a, celle de toute nation ou de tout groupe 4e nations, quel qu’il soit : la force « majeure et organisée de l’humanité » qui garantira la paix. Comment la garantira-t-elle ? Par la violence au besoin ? Il ne semble pas, à moins que l’on admette une contradiction bien improbable dans la pensée de M. Wilson. La force de paix idéale et raisonnable, par la vertu de la grâce qui lui est propre, domptera l’esprit de guerre qu’entretiennent les alliances de la politique d’équilibre. Mais, pour atteindre ce résultat, les nations actuellement en guerre doivent coopérer à l’action de cette grâce. Le voudront-elles ? demande M. Wilson :


Est-ce que la guerre actuelle est une lutte pour une paix juste et sûre,