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MM. Alexandre Bétolaud et Maurice Sabatier, dans sa section de législation, de droit public et de jurisprudence ; M. Paul Leroy-Beaulieu, dans sa section d’économie politique, de statistique et de finances ; MM. Eugène Rostand et Félix Voisin, parmi les académiciens libres. Plusieurs places de correspondans sont vacantes, notamment par suite de la décision du 6 mars 1915, par laquelle la Compagnie a exclu les signataires du manifeste des « intellectuels » allemands.

La récente réception de l’Académie française doit être considérée comme l’heureux présage et le signal des futures élections qui, rattachant le présent au passé et, pour ainsi dire, renouant la chaîne dans les cinq classes de l’Institut, auront pour effet de compléter un corps dont l’activité régulière est nécessaire à la vie littéraire, scientifique et artistique, c’est-à-dire à l’existence morale de notre nation.


I. — LES SEANCES PUBLIQUES

Dans l’épreuve que nous traversons, l’opinion publique, résolue d’avance aux plus beaux sacrifices pour la patrie, a besoin toutefois d’être maintenue sans cesse et d’être éclairée, fortifiée en son ferme propos, par une autorité morale assez incontestée pour obtenir l’audience de l’univers civilisé. Plus que jamais, les Français, unis et réunis, veulent ressentir ensemble le bienfait de l’unanimité. La France a le droit de se faire entendre, partout où il y a des hommes et qui pensent, et qui sentent, puisqu’elle souffre pour défendre les acquisitions idéales de l’esprit humain et les prérogatives de la conscience universelle. La France s’exprime par la voix de ceux qui sont dépositaires de son patrimoine spirituel et qui savent le mieux parler la langue natale, perfectionnée sans cesse au cours des siècles par plusieurs générations de poètes et d’orateurs. Elle pleure ses enfans, tombés sous son drapeau, sur l’immense champ de bataille, pour la défense de tout son passé, de tout son avenir, de ses berceaux et de ses tombes, de ses foyers et de ses autels. Mère douloureuse et fière, elle ne veut pas être consolée, sinon par le juste hommage qui est dû à la mémoire sacrée de ses héros et de ses martyrs. Elle demande, elle exige que ceux qui furent à la peine soient perpétuellement à l’honneur.