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REVUE LITTÉRAIRE

« LES CONTEMPORAINS » DE JULES LEMAITRE [1]

La huitième série des Contemporains, qui vient d’être publiée, contient les premières études que Lemaître ait données à des revues : puis un assez grand nombre de pages, Figurines, Billets du matin, divers essais d’époque plus récente, qu’il négligea de recueillir dans ses volumes ; enfin deux chapitres importants, l’un de 1911 et l’autre de l’année qui a précédé sa mort, deux lectures faites à la Société des Conférences, Les péchés de Sainte-Beuve et Mes souvenirs. Ce livre n’est évidemment pas tel que Lemaître l’eût souhaité, la plupart des morceaux qui le composent ayant été par lui écartés jadis. A-t-on bien fait de l’imprimer cependant ? Certes, oui ; et ne fût-ce que pour Les péchés de Sainte-Beuve et Mes souvenirs. A propos de Mes souvenirs, on remarquera que tout n’en est pas neuf ou inédit. Les passages relatifs à Flaubert et à Maupassant, par exemple, sont empruntés aux chapitres Flaubert et Maupassant des premières séries des Contemporains. Lemaître procédait ainsi volontiers. S’il avait à redire ce qu’il se trouvait avoir dit, il ne cherchait pas une rédaction nouvelle ; mais il copiait son écrit de naguère. Et je crois qu’il était content de cette aubaine. Car il n’était pas extrêmement laborieux : l’assiduité prodigieuse et la passion d’écrire de Faguet, son ami très cher, excitaient son admiration fervente et son étonnement. Je crois, en outre, qu’il éprouvait une sorte de plaisir, lui qui sentait avec une si délicate mélancolie

  1. Les Contemporains, « études et portraits littéraires, » par Jules Lemaître ; huitième série ; préface de Myriam Harry. (Société française d’imprimerie et de librairie.) Cf. les sept premières séries des Contemporains (même librairie).