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inflences astrales au moyen âge, il a toujours trouvé d’excellentes raisons pour s’expliquer : soit, avec Aristote, que les événemens futurs sont « les uns nécessaires, les autres nécessairement impossibles et d’autres enfin contingents ; » ou, avec Plutarque, que les lois du Fatum sont comme celles des hommes auxquelles on peut désobéir ; ou encore, avec Ptolémée, que les événemens peuvent être prévus dans la mesure où le médecin prévoit le développement d’une maladie, mais avec la l’acuité de réagir par des remèdes.

Pour montrer la manière singulière dont on arrivait même à concilier l’astrologie avec l’orthodoxie, nous ne résistons pas au plaisir de citer un curieux document qui semblerait, par bien des points, se rapporter à des événemens contemporains. Il s’agit d’une lettre écrite vers 1345 par Jean de Murs, — un astronome célèbre, auquel on doit des observations précises sur l’obliquité de l’écliptique, sur l’époque de l’équinoxe de printemps, des livres très répandus sur l’arithmétique et la musique, etc. : — lettre adressée au pape Clément VI pour l’avertir en bon chrétien et en bon Français de deux conjonctions fatales qui vont avoir lieu dans les astres et le mettre en garde contre leurs conséquences. « La première de ces conjonctions, entre Jupiter et Saturne, va, dit-il, reproduire une circonstance qui ne s’est pas féalisée depuis l’avènement de la religion des Sarrasins et l’élévation ou le règne du perfide Mahomet… Les philosophes croient donc qu’elle signalera, dans cette secte, de grandes nouveautés, tribulations et transformations. Si, ace moment, les chrétiens la frappaient énergiquement et l’attaquaient vigoureusement, elle devrait se changer en une autre religion, ou bien s’affaisser et s’écrouler sur elle-même… D’autre part, le 8 juin 1357, il y aura conjonction de Jupiter et de Mars, c’est-à-dire de deux planètes qui amènent la mauvaise fortune… Or, des expériences multiples et innombrables ont fait reconnaître que Jupiter domine l’Angleterre, Mars l’Allemagne et Saturne la France ; cette conjonction signale de très grandes guerres, de très grandes effusions de sang, des morts de rois, des destructions de royaumes ou des transferts de ces royaumes à des étrangers. À moins donc que Votre Sainteté, avant le temps susdit, n’ait, aux occasions de guerre présentes entre les princes chrétiens, pourvu par un remède opportun, en rétablissant entre eux une paix ferme et durable,