Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La fin du mois d’octobre a été marquée par une série de discussions et de décisions qui ont eu toutes un même objet : la ratification du traité de Versailles, et le passage de l’état de guerre à l’état de paix. Le gouvernement, il y a plusieurs semaines, s’était engagé à prendre, dés que le Parlement aurait ratifié le traité, toutes les mesures nécessaires pour que notre pays retrouve le plus vite possible des conditions normales d’existence et puisse se consacrer sans délai à l’immense labeur qui le réclame. Il se préoccupe de tenir ses promesses et on ne saurait trop l’en louer. Les difficultés d’ordre politique, économique et financier en présence desquelles nous nous trouvons dépendent pour la plupart de causes profondes qui dépassent de beaucoup les volontés des hommes au pouvoir. Mais la lenteur avec laquelle p traité a été négocié d’abord, discuté ensuite, n’a fait qu’y ajouter. A force de laisser passer le temps et d’abandonner du champ à l’esprit critique, on risquait d’affaiblir les sentimenis et les énergies nées de la victoire. Il fallait conclure : c’est ce que le gouvernement a compris. Nous voudrions pouvoir dire dès aujourd’hui qu’il a exécuté entièrement le programme qu’il s’était tracé, et nous avons le regret de ne pas le faire. Du moins s’est-il acquitté dans cette quinzaine de la plus grande partie de sa tâche.

Le traité de paix ayant été ratifié par la Chambre le 2 octobre, le Sénat s’est mis aussitôt à l’étudier à son tour. Il a fait diligence, et quelques séances lui ont suffi pour mener la discussion à son terme. Après avoir entendu M. de Lamarzelle, M. Léon Bourgeois et enfin M. Clemenceau, il a ratifié le traité à l’unanimité des voix, moins une abstention. M. Clemenceau a remporté un grand succès devant le Sénat qui a voté l’affichage de son discours. En lui donnant ce témoignage, la Haute Assemblée n’a pas voulu seulement honorer dans la