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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le Conseil Suprême avait fixé au 1er décembre la date où le Traité de Versailles entrerait en vigueur : il avait compté sans l’Allemagne. La résolution qu’il avait prise était cependant sage et elle était nécessaire. Le régime provisoire d’armistice dure encore. Lorsqu’il cessera, l’application du traité entraînera une série d’actes d’ordre politique, économique et militaire, qui intéressent presque toutes les nations. C’est à ce résultat, attendu depuis longtemps, que les Alliés voulaient aboutir. Mais le 1er décembre a passé sans que le Conseil Suprême ait pu suivre jusqu’au bout le programme qu’il avait tracé. Au dernier moment, l’Allemagne volontairement a retardé la paix.

Pour que le traité entrât en vigueur, il y avait, avant l’échange des ratifications qui est une simple formalité, deux accords à conclure : il fallait signer un protocole final pour liquider la période d’armistice et pour fixer les obligations que l’Allemagne n’a pas remplies depuis le 11 novembre 1918 ; il fallait en outre arrêter les conventions relatives aux territoires de l’Est de l’Allemagne, afin d’assurer le fonctionnement des commissions qui auront charge d’organiser les plébiscites ou de surveiller le départ des troupes, allemandes, conformément aux décisions de la Conférence de la Paix. L’Allemagne a voulu ajourner la signature de ces deux accords. Ce n’est pourtant pas le temps de la réflexion qui lui a manqué. Dès le 1er novembre, elle avait été mise en possession des textes par le Conseil Suprême. C’est le 19 novembre seulement qu’une mission composée de M. Simson, plénipotentiaire, et de conseillers techniques est arrivée à Paris. L’œuvre qu’elle devait accomplir n’était ni longue ni compliquée ; M. Simson et ses collaborateurs avaient eu plus de quinze jours pour étudier les questions. Or quarante-huit heures après son arrivée, la mission allemande annonçait qu’elle repartait. M. de Lersner, chef de la délégation allemande qui réside à Paris, prévenait le Conseil