Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/962

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vient de leur en ouvrir les portes, et leur retour a été salué comme un de ces événements qui marquent dans le cœur d’un peuple une date historique. Déjà l’un des leurs aura sa place dans les conseils du gouvernement. Obéissant, à une heureuse inspiration, M. Clemenceau, qui était obligé, à la suite des élections, de désigner quelques ministres nouveaux, a fait appel, pour diriger le ministère du Travail, à un député récemment élu dans le Haut-Rhin. Ainsi les représentants de nos provinces, dès qu’ils sont présents au foyer commun, sont conviés à y jouer un rôle et à mettre au service de notre politique leurs connaissances et leurs méthodes. Nous nous félicitons en même temps d’une autre décision prise par M. Clemenceau. Nous attachons un prix particulier à la désignation d’un grande maître de l’Université dont les qualités personnelles soient en accord avec ces hautes fonctions. Tous les pays du monde veulent bien reconnaître la place que nous tenons dans la vie intellectuelle. Ils lisent nos livres ; ils envoient leurs étudiants dans nos universités, il ? nous demandent d’envoyer nos professeurs dans les leurs. C’est par le développement de son influence scientifique et par son rayonnement spirituel que notre pays, pendant la période où il se reconstituera et se réparera à l’intérieur, peut continuer d’exercer une grande action à l’extérieur. M. Léon Bérard ne manquera pas de donner toute son attention à l’organisation de nos universités, à l’installation des laboratoires, aux relations scientifiques de nos centres d’étude avec l’étranger. Nous connaissons aussi trop sa pensée pour ne pas avoir l’assurance qu’il sentira l’importance de notre enseignement secondaire et de cette tradition classique qui est l’héritage de notre histoire et qui a fait la force de notre culture.


ANDRÉ CHAUMEIX.


Le Directeur-Gérant :

RENÉ DOUMIC.