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Le cycle des élections, selon le mot de M. Clemenceau, sera dès lors terminé : il restera cependant une opération essentielle à faire avant que le travail politique donne son plein rendement, il restera à constituer un ministère. M. Clemenceau a annoncé officiellement à la Chambre, dans la séance du 23 décembre, son intention de se retirer trois semaines après, c’est-à-dire le 17 janvier. Or la retraite de M. Clemenceau à cette date posera un problème. D’après la Constitution, M. Raymond Poincaré est président de la République jusqu’au 17 février. La Constitution a peut-être exagéré la prudence lorsqu’elle a fixé ce délai d’un mois entre le jour où est élu un nouveau président de la République et le jour où il entre en fonctions, mais elle l’a fait. C’est donc M. Poincaré seul qui aura qualité le 18 janvier pour faire appeler l’homme politique auquel il confiera le soin de former le ministère. Et c’est le successeur de M. Poincaré seul qui aura qualité le 17 février pour garder ce ministère, qui devra lui remettre sa démission. Le ministère serait d’une formation difficile, s’il ne devait vivre qu’un mois. Il serait en outre bien gêné, ce qui est beaucoup plus grave, pour entreprendre un travail utile, s’il n’était assuré du lendemain, et dans l’état actuel des affaires, rien ne serait plus impolitique qu’une perte de temps aussi lourde. Pour sortir de cet embarras, il est plusieurs moyens, et l’un d’entre eux a déjà servi. En 1913, M. Raymond Poincaré était Président du Conseil quand il a été élu Président de la République, et le lendemain de son élection, il a donné sa démission. C’est M. Fallières, Président de la République en fonctions, qui s’est occupé de la constitution du ministère. Il a confié la Présidence du Cabinet à M. Briand : mais il a agi en plein accord avec M. Poincaré, si bien que, lorsqu’il a quitté l’Elysée et lorsque M. Briand a remis sa démission à M. Poincaré, le nouveau Président de la République a immédiatement confirmé les pouvoirs du ministère. Sera-ce cette procédure qui sera reprise ? aura-t-on recours à une autre ? La méthode importe peu, mais le résultat à atteindre est d’une importance capitale : il ne faut pas qu’il y ait une sorte d’interrègne dans l’action gouvernementale. M. Clemenceau, dans un de ses discours, a proclamé que l’œuvre de demain, c’était toute une France à refaire. Pour une telle mission, on ne comprendrait pas qu’il y eût des délais ou des nonchalances possibles. Les régions libérées, le budget, l’emprunt, l’application du traité de paix, tout réclame un gouvernement qui se mette immédiatement au travail. Les hommes politiques qui ont la charge de faciliter sa tâche choisiront leur procédure : l’essentiel, c’est qu’au lendemain