Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/951

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La Conférence a cessé de se réunir ; le Conseil suprême est dissous : mais une partie de l’Europe demeure dans la situation la plus confuse. C’est désormais une conférence d’ambassadeurs qui est chargée à Paris du travail préparatoire, et ce sont les gouvernements alliés qui prendront d’accord les uns avec les autres toutes les décisions. Jamais leur union n’aura été plus nécessaire qu’au moment où ils ont besoin de faire appliquer le traité de paix par l’Allemagne et où la question russe entre dans une phase nouvelle. M. Millerand, le jour où il a pris le pouvoir, a trouvé les affaires internationales dans un état dont les conséquences étaient prévues et commencent d’apparaître. Il a été sobre de paroles, mais il a prononcé tout de suite un mot qui a paru généralement répondre à ce qu’on attend de sa méthode : il a dit qu’il fallait d’abord établir le bilan de la situation, et que les résolutions suivraient. La Chambre a compris la nécessité de lui donner rapidement les moyens de travailler avec autorité, et après la séance incertaine qui avait marqué les débuts du ministère, elle lui a accordé sa confiance par une très forte majorité. Elle vient, après un nouveau débat consacré cette fois aux affaires extérieures, d’entendre et d’approuver presqu’à l’unanimité, les explications du Président du Conseil. Dans le gouvernement comme au Parlement, il y a un sentiment très vif de ce qu’exigent les circonstances présentes et le désir de fixer par une collaboration confiante une ligne de conduite nationale. Assurer énergiquement l’application du traité de Versailles, achever d’autre part le règlement des questions pendantes en Orient, tel est le programme. L’altitude de l’Allemagne et les complications nées des événements russes en rendent l’exécution difficile, mais indispensable. C’est par cet effort tenace que les Alliés, qui ont combattu cinq ans pour échapper au danger d’une paix sans victoire, éviteront le péril d’une victoire sans paix.