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nous rendre un compte exact des conceptions du gouvernement britannique, de les accorder aux nôtres par une collaboration constante des deux diplomaties, et de faire en sorte que cette alliance avec nos amis anglais, que la guerre et la victoire ont rendue indissoluble et que la paix a rendue plus nécessaire que jamais, soit la garantie même du traité et de la sécurité de l’Europe.

On s’aperçoit à propos de toutes les questions que c’est en ces termes que le problème se pose. Pour ne citer qu’un exemple, l’opinion de notre pays est préoccupée à bon droit de la politique rhénane. À ce sujet, M. Maurice Barrès a prononcé à la Chambre un discours qui a été très écouté et très apprécié, et qui mériterait un examen détaillé. Le traité veut que nous occupions pendant un certain nombre d’années les pays rhénans où vivent encore, tant de souvenirs français. Il est naturel que nous souhaitions que, durant .cette période, l’administration ait des idées directrices, et que, en vue de l’avenir d’un pays qui est entre l’Allemagne et nous, elle laisse une mémoire heureuse. Mais l’occupation de la rive gauche du Rhin qui nous touche plus qu’aucune nation est, sous un autre aspect, une affaire interalliée. Le gouvernement français a jugé que, tant que l’Allemagne n’exécutait pas le traité, les délais d’évacuation ne commençaient pas de courir, et, d’après les indications des journaux, M. Millerand a fait connaître à Londres aux Alliés la note qu’il avait adressée à ce sujet au gouvernement de Berlin. Il est à prévoir qu’en effet les Alliés ne se désintéresseront pas de cette affaire. La Commission des Réparations enfin qui siège à Paris est, elle aussi, un organisme interallié et elle tient réellement entre ses mains l’avenir du traité de paix. En fait, la question essentielle de l’exécution du traité de paix revient pnotiquement à la question des alliances : le traité vaudra selon que les alliances seront étroites et efficaces selon la volonté d’application des nations victorieuses. C’est le sentiment qui s’est fait jour dans toutes les circonstances où le gouvernement, le Parlement, les écrivairis politiques ont eu à s’occuper des problèmes diplomatiques, militaires, écono’miques, qui nous environnent de toutes parts. La Commission des Affaires Extérieures de la Chambre s’est montrée justement attentive à ce qui se passe à Londres. Dans une intervention remarquée, M. Briand a pu dire, à propos des affaires orientales, que la méthode qui consiste à toujours demander des concessions à notre pays ne peut être d’un usage constant. La Commission, après avoir entendu les explicationsde M. Millerand, a donné mandat à son président M. Barthou de rap-