Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aujourd’hui des anachronismes dangereux à faire revivre : la guerre et la victoire ont fait apparaître avec éclat quels sont les intérêts supérieurs de la nation, et M. Deschanel nous invite à garder les yeux fixés sur eux.

Le Président de la République, en conviant tout le pays à faire un acte de sincérité et de probité morale, et à considérer les faits actuels dans leur réalité, a le premier donné l’exemple. Le message forme une revue des principales questions qui réclament notre attention : question budgétaire, question du charbon, question des transports, question du blé, question du change, c’est toute l’activité nationale qui est contenue dans ces mots, et c’est aussi le devoir imposé à tous qu’ils suggèrent. Chacun doit collaborer à l’œuvre commune en produisant le plus possible et en consommant le moins possible. Le chef de l’État, qui sait quels sacrifices a fait le pays pendant la guerre et qui en a si bien parlé, connaît aussi de quels efforts la population est capable aujourd’hui, et il lui rappelle avec simplicité et fermeté qu’ils sont indispensables. Après avoir évoqué le passé, il se tourne vers l’avenir, et il a eu l’heureuse pensée d’ajouter que, parmi tant de beaux exemples de liberté, d’activité et de sagesse que nous trouvions dans notre pays, nous avions une attention particulière pour ceux qui nous viennent des provinces d’Alsace et de Lorraine qui viennent de reprendre leur place au foyer commun. Enfin, dans cette esquisse d’ensemble, M. Paul Deschanel qui a toujours pensé que toute la politique était dominée par les affaires extérieures, signale la nécessité de fortifier l’union des peuples qui ont combattu ensemble, de surveiller l’application du traité de Versailles, et de préparer l’organisation de la Société des Nations. Le message présidentiel, qui répond aux préoccupations de tous, a été favorablement accueilli par les Chambres et par l’opinion. Il a paru être l’heureux témoignage de la volonté qu’a M. Deschanel d’être, pendant les temps difficiles où la victoire doit devenir une réalité, le serviteur à la fois et le chef du pays travaillant pour sa reconstitution, le Président de la paix.


ANDRE CHAUMEIX.

Le Directeur-Gérant : RENE DOUMIC.