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à nos moyens ordinaires d'observation. D'après certaines évaluations qui ne peuvent être qu'approximatives, mais dont l'ordre de grandeur n'en est pas moins voisin de la vérité, on peut estimer que le nombre des étoiles obscures éteintes, doit être environ mille fois plus grand que celui des étoiles lumineuses. Ainsi ce n'est pas un milliard et demi d'étoiles que compterait notre voie lactée, notre petite patrie sidérale, mais plus de mille milliards. La seule manière d'évaluer un jour le nombre exact des étoiles éteintes paraît être pour l'instant, l'étude de leurs effets gravifiques accumulés sur les mouvements des étoiles visibles. Il y a de belles recherches à faire dans cet ordre d'idées.

Parmi les étoiles naines les plus intéressantes, il y en a deux qui sont particulièrement remarquables. Il y a d'abord cette curieuse Proxima dont j'ai parlé tout récemment ici-même.

Il y a aussi l'étrange étoile appelée étoile de Barnard, du nom du célèbre astronome américain de l'observatoire Yerkes qui l'a découverte en 1916 dans la constellation d'Ophinchus. Cette étoile est de toutes les étoiles connues celle dont le mouvement propre est le plus grand, l'amplitude de ce mouvement étant de dix secondes d'arc par an, ce qui, — astronomiquement parlant, et étant donné qu'il s'agit d'étoiles fixes, — est énorme. Le record était tenu précédemment par l'étoile Cordoba V 243 (8 secondes par an) et avant 1897 par l'étoile Groombridge 1830 (7 secondes par an). Qu'on ne s'étonne pas trop des noms étranges qu'ont les étoiles. Ils proviennent des catalogues où elles figurent et des numéros qui les y désignent.

Photograpbiquement, cette étoile est de 11e grandeur et visuellement de 9e (de là sa couleur rouge). En remontant le cours des observations anciennes on a constaté qu'elle avait été déjà observée par Lamont à Munich en 1842, ce qui a permis, — étant donné le long espace écoulé, — de déterminer avec beaucoup de précision son mouvement.

À un certain point de vue cette étoile est unique : elle est la seule étoile connue dont le mouvement propre augmente d'une manière appréciable et mesurable par suite de la diminution de sa distance. Elle a une parallaxe d'environ 0"525, ce qui correspond à 6 1/4 années de lumière et en fait, de toutes les étoiles visibles en Europe, la plus rapprochée de nous (les plus proches se trouvant dans l'hémisphère austral). Dans 10 000 ans cette étoile qui se rapproche rapidement de nous ne sera plus qu'à environ quatre ans de lumière de la terre ; sa distance aura diminué d'un tiers. Sa position apparente parmi les