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comment finit la guerre.

En 1911, le plan 17 avait avancé la zone de concentration des armées françaises parce qu’une étude plus serrée des transports avait permis de gagner plusieurs jours sur les premiers calculs ; ce changement couvrait contre l’invasion ennemie une notable partie du territoire français et donnait satisfaction au principe de l’offensive qui régnait alors dans tous les états-majors. La violation du territoire belge par les armées allemandes était prévue, par une variante qui portait en ligne l’armée gardée en réserve. Cette variante joua dès le 2 août, étendant jusqu’à Mézières le front qui s’arrêtait primitivement à Longwy. Mais le commandement français ne pensait pas que le mouvement débordant à travers la Belgique dût s’étendre sur la rive Nord de la Meuse, parce qu’il ne croyait pas que les Allemands emploieraient leurs divisions de réserve en première ligne dès le début des opérations.

Confirmé dans cette idée par les premiers renseignements sur l’ennemi, malheureusement très incomplets, le général Joffre indique le 8 août son intention de livrer la bataille sur tout son front, la droite au Rhin : dans son instruction générale n° 1, le rôle de sa gauche reste encore indécis et dépendra des circonstances. Par suite de l’importance des forces allemandes qui s’engagent en Belgique, il est amené en effet à l’étendre un peu tardivement vers le Nord jusqu’à la Sambre et à donner la main à l’armée anglaise.

La bataille s’engage le 20 en Lorraine avec les armées Dubail et Castelnau, le 21 en Luxembourg avec les armées Ruffey et de Langle, qui toutes ont l’ordre d’attaquer. L’armée Lanrezac, qui a le même ordre, n’est en mesure de l’exécuter que le 23, parce que ses renforts ne sont pas arrivés, mais elle est elle-même attaquée dès le 21. Dans cette bataille des frontières, les troupes françaises éprouvent un grave échec parce que leur instruction a été poussée uniquement dans le sens d’une offensive brutale, que leur armement est insuffisant en mitrailleuses et en canons lourds, que leur règlement ne leur permet pas de profiter de la supériorité de leur canon de campagne dans la préparation des attaques, et que des fautes de commandement viennent exagérer encore les insuffisances de matériel et les défauts de l’instruction.

C’est dans les raisons techniques qu’il faut chercher avant tout les causes de ces premiers revers. Sans doute, l’organisa-