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tion des réserves était insuffisante dans l’armée française ; leur encadrement était négligé, et l’effectif du temps de paix ne permettait pas de donner aux corps de réserve un certain nombre de régiments actifs, comme dans l’armée allemande. Sans doute, la variante prévue pour l’invasion de la Belgique était insuffisante, et il eût fallu une deuxième variante admettant le mouvement à large envergure prévu par Falkenhausen avec une large utilisation des réserves, par Bernhardi avec un sacrifice vers l’Est. Mais si le groupe des armées Ruffey et de Langle avait remporté un véritable succès, les armées von Bülow et von Kluck eussent été singulièrement compromises, toutes leurs communications resserrées, puis menacées. Et les armées du Luxembourg, même en cas d’action indécise, auraient vu leurs adversaires reculer, si les armées de Lorraine avaient avancé. Tel était l’avantage de l’offensive que le général Joffre prenait résolument, toutes forces réunies, la droite au Rhin.

La retraite s’imposait sur tout le front par suite de nombreux échecs locaux, dont quelques-uns étaient d’importance. Elle s’accompagna de coups de boutoir vigoureusement portés qui facilitèrent le regroupement des unités, leur remise en mains, leur renforcement. L’instruction générale n° 2 du 20 août avait prévu une nouvelle offensive vers le 2 septembre, menée par la gauche alliée convenablement renforcée : les circonstances reculèrent l’exécution de ce projet, mais il resta dans l’idée de tous. La nécessité de prendre du champ s’étant imposée, l’instruction générale n° 4 du 1er  septembre indiqua une nouvelle limite beaucoup plus éloignée « sans que cette limite doive forcément être atteinte ; » en reculant, le général Joffre pivote autour de sa droite, mais il ordonne : « Dès que la 5e armée aura échappé à la menace d’enveloppement, les armées reprendront l’offensive. » Tous ses subordonnés immédiats connaissent donc l’intention du commandant en chef de passer à l’offensive dès que les circonstances le permettront.

Le général Galliéni constate le 3 le mouvement de glissement des armées allemandes vers l’Est de Paris. Le 4 au matin, il prend d’initiative toutes ses dispositions pour porter dans le flanc de l’ennemi la 6e armée Maunoury, qui devra être prête à attaquer le 5 septembre. Par son action personnelle, il lève les dernières hésitations de l’État-Major anglais, qui promet le