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cours des opérations, éventualité à laquelle doit être préparée l’initiative de tous les commandants de grandes unités. »

Dès 1915, l’éventualité qu’envisageait le général Foch s’était produite, en Artois le 9 mai devant la division marocaine et le 25 septembre devant la 5e division, en Champagne le 25 septembre devant le 1er corps colonial ; l’éloignement des réserves avait empêché d’en profiter. Il en fut de même par deux fois en 1916 sur la Somme. La formule de l’attaque s’était faite trop rigide et c’est en vain que le général Foch s’efforçait de l’assouplir.

La préparation d’artillerie avait été fixée à cinq jours et commença le 24 juin. Mais les journées des 27 et 28 ayant été médiocres par suite du mauvais temps, le tir de destruction fut prolongé de deux jours et l’attaque partit le 1er juillet.

Les Allemands croyaient que l’armée française était hors de cause, épuisée par la bataille de Verdun, et incapable d’une attaque sérieuse. La préparation d’artillerie leur avait semblé une simple diversion, destinée à détourner leur attention du front britannique. Sur la rive gauche, les trois lignes de leur première position furent enlevées d’un seul élan par le 1er corps colonial, avec les villages solidement fortifiés qui la jalonnaient et que l’artillerie lourde avait consciencieusement démolis. Sur la rive droite, le 20e corps s’était avancé à la même allure, parti deux heures avant, et avait obtenu les mêmes résultats.

Plus à gauche, le 13e corps anglais avait débouché aussi brillamment, ainsi que le 15e, qui contournait la position de Fricourt, qu’on comptait faire tomber par débordement. Mais au Nord de Fricourt, la progression fut plus difficile, et ce redoutable point d’appui restait intact. La gauche anglaise était partie d’un élan impétueux ; elle avait rapidement progressé, mais le magnifique courage de ces jeunes troupes manquait d’expérience : de toutes parts, derrière la ligne d’attaque, des îlots de résistance s’étaient révélés, dont les mitrailleuses prenaient de flanc et de dos les assaillants ; les défenseurs sortaient des abris laissés intacts : il fallut reculer, après une lutte acharnée qui causa de lourdes pertes, et dans la nuit, sur la moitié du front, l’attaque anglaise avait dû regagner les tranchées de départ.

Sir Douglas Haig prit la décision de recommencer, sur le front confié au général Gough, la préparation d’artillerie, et de continuer l’attaque avec sa droite par l’armée Rawlinson liée