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où le général Andlauer s’installa le 3. Il occupa les villages de Vaux et de Damloup, donnant de l’air autour de l’ouvrage.

La reprise des forts de Douaumont et de Vaux était un événement considérable, qui consacrait aux yeux du monde entier la victoire de Verdun. 6 000 prisonniers la soulignaient. Mais ce grand succès réclamait un complément.

Dès le 21 octobre, le général Mangin avait signalé au général Nivelle la nécessité qui s’imposerait, après l’enlèvement des objectifs assignés à l’opération du 24, de s’emparer de la crête Douaumont-Hardaumont et de la côte du Poivre, qui toutes deux avaient des vues dans l’intérieur des positions à conquérir, et de donner de l’air autour du fort de Douaumont. Le général Nivelle donc envisageait une opération d’ensemble, mais il était très limité par les moyens mis à sa disposition : « Le front d’attaque ne devra pas dépasser celui de trois divisions, dût-il y avoir une solution de continuité au centre. Les munitions seront celles que nous économiserons sur nos allocations journalières. » Mais le général Mangin insista sur les avantages d’une attaque s’étendant de la Meuse à la Woëvre, même s’il fallait attendre d’avoir des troupes et des munitions disponibles. C’est à cette idée que s’arrêta le commandement. Devant le groupement Mangin, le front allemand était tenu par cinq divisions en première ligne et quatre en deuxième ligne pouvant intervenir en une nuit, et 247 batteries étaient signalées en action (960 pièces environ). L’attaque française disposa de quatre divisions en première ligne, 4 en seconde ligne, et de 740 canons. Elle était donc en infériorité vis-à-vis de la défense. Mais elle pouvait tabler sur les résultats obtenus le 24 octobre. Son artillerie prit en effet rapidement la supériorité sur l’artillerie allemande ; grâce à la progression plus profonde, il y eut parmi les prisonniers treize officiers d’artillerie dont le témoignage confirme en détail cette incontestable supériorité. Quant à l’infanterie, l’effondrement des premières lignes amenant à coup sûr la destruction complète des 13 bataillons qui les défendaient et partiellement celle des 13 bataillons en soutien sur le terrain à conquérir, l’attaque pourrait donc affronter la légère disproportion numérique du départ.

Instruit par l’expérience du 24 octobre, l’ennemi avait organisé trois lignes de résistance, munies de réseaux de fil de fer ; en outre, l’éloignement de l’objectif final introduisait