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comment finit la guerre.

lui demander s’il comprend sa puissance morale, qui est hors de portée de ses facultés : « La puissance défensive de notre infanterie s’usa à tel point que l’attaque en masses de l’ennemi put réussir. Nous ne perdions pas seulement notre ressort moral, mais nous perdions aussi sans compter le sang répandu en abondance, un nombre important de prisonniers et beaucoup de matériel de guerre. » Il enregistre les demandes de renforts de toute sorte en hommes et en matériel : « Il nous était plus facile de satisfaire aux demandes par suite de l’arrêt de l’attaque sur Verdun ; il fallait cependant que nous continuions d’escompter là-bas une forte consommation de forces, ne fût-ce que par suite des conditions locales. Il était possible que les Français attaquassent eux-mêmes en partant de la forteresse. Verdun devenait comme un ulcère toujours ouvert qui dévorait nos forces. Il eût été plus raisonnable de ramener nos positions vers l’arrière, en deçà du champ d’entonnoirs. Je n’avais pas, à cette époque, une idée exacte des difficultés locales que présentait la lutte devant Verdun. » Il tient sur la Somme, parce qu’aucune position n’a été aménagée à l’arrière, et fait flèche de tout bois : économies sur les autres armées, formation de divisions nouvelles. Mais il reste très préoccupé de la question des munitions et de tout le matériel de guerre, qui s’affirme très inférieur à celui de l’Entente.

Le mois de septembre, calme à Verdun, lui apparaît comme effroyable : « L’ennemi prit Guinchy et Bouchavesnes. Le 17 vit un grand combat sur la rive Sud ; nous perdîmes Berny et Derniécourt. Au Sud de la Somme, la bataille diminua d’intensité, mais le feu roulant d’artillerie continua. Au Nord de la Somme, les combats se poursuivirent ; le 25 commença la lutte la plus terrible de cette bataille de la Somme, si fertile en rudes combats. Grandes furent nos pertes, l’ennemi prit Raucourt, Morval, Gueudecourt et Combles qu’on se disputa chaudement. Le 26, le coin de Thiepval tomba. De nouvelles attaques ennemies, le 28, échouèrent. Les demandes qu’on nous adressait, tant en officiers qu’en troupes, étaient extraordinairement élevées. Les relèves qu’on avait prévues à Cambrai et tout le plan de relèves projeté pour le front occidental ne suffiraient bientôt plus. Des divisions et d’autres troupes durent être jetées en toute hâte sur le front de la Somme et y tenir très longtemps. Le temps consacré au repos