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sont eux dont les troupes s’installeront en commun dans la Haute-Silésie pour assurer la sincérité du plébiscite ; eux qui détermineront le territoire de Dantzig ; eux qui choisiront au moins trois membres sur cinq dans la commission internationale chargée d’administrer provisoirement le Slesvig ; eux qui fixeront les effectifs allemands et surveilleront le désarmement ; eux qui constitueront une Commission des Réparations, chargée d’établir la dette de l’Allemagne et de définir les modalités du paiement ; eux qui se retrouveront pour la plupart, côte à côte, dans les commissions de l’Elbe, de l’Oder et du Rhin ; eux qui occuperont ensemble, pendant une période de quinze années, les territoires allemands situés à l’Ouest du Rhin et les têtes de pont. Comment admettre que tous ces signes d’association permanente, et tant d’autres qu’il serait trop long de rappeler, se soient trouvés fortuitement dans le traité et qu’il n’en faille tirer aucun enseignement pour l’avenir ? Sans doute, la convention supplémentaire d’assistance que nous avait offerte le président Wilson, d’accord avec M. Lloyd George, n’a encore force de loi ni en Amérique, ni en Angleterre. Mais tous les articles du traité expriment la même volonté d’union persistante et, s’ils ont un sens, ce ne peut être que celui-ci : « Ensemble, vous avez vaincu. Ensemble, conservez votre victoire. Ensemble, sauvez la paix. »

Serait-il admissible, après cela, que nos alliés, qui nous ont donné leur signature, comme ils l’ont donnée à l’Allemagne, voulussent aujourd’hui réviser à nos dépens un instrument diplomatique dont les termes ont été pesés pendant de si longs mois ? Serait-elle donc désormais lettre morte, cette phrase solennelle de l’article 232 : « Les Gouvernements alliés et associés exigent, et l’Allemagne en prend l’engagement, que soient réparés tous les dommages causés à la population civile de chacune des Puissances alliées et associées et à ses biens, pendant la période où cette Puissance a été en état de belligérance avec l’Allemagne ? » Serait-elle donc également lettre morte, la défense faite à l’Allemagne par les articles — 42, 43 et 44 d’entretenir ou de rassembler, soit à titre permanent, soit à titre temporaire, des forces armées sur la rive gauche du Rhin et dans une zone de cinquante kilomètres à l’Est du fleuve ? Non, ce n’est pas possible. Les Alliés nous ont laissés poursuivre seuls avec l’Allemagne le dialogue dont j’ai, il y a quinze jours, rapporté les premiers propos et, dans ce tête-à-tête forcé, la France a, grâce à M. Millerand, parlé sur un ton moins humble que n’avait fait l’Entente au début de la conversation ; et elle ne s’est pas bornée à