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la progression fut importante le 15 et le 16 ; Ludendorff avait donné l’ordre aux Ire et XIIIe armées de cesser les attaques, inutiles et très coûteuses ; le 17, il prit la décision de repasser la Marne, car la progression sur Épernay devenait sans intérêt, puisque l’attaque principale était arrêtée. Le repli, délicat à organiser, devait s’exécuter dans la nuit du 20 au 21. Il aurait voulu pouvoir à tout le moins continuer l’offensive vers Reims, dont la conquête eût masqué l’échec de l’entreprise ; mais il fallut renoncer à cette tentative, dont les préparatifs demandaient trop de temps. Ludendorff tourna toute son attention vers les Flandres, où il pensait bien trouver une revanche.

II. — L’OFFENSIVE DES ALLIÉS.


Le 18 juillet, par l’action des 10e et 6e armées françaises, l’offensive a changé de camp. La genèse de cette opération mérite qu’on s’y arrête.

Le général Mangin a pris le commandement de la 10e armée le 16 juin en remplacement du général Maistre qui, par deux fois, a arrêté l’avance allemande entre l’Aisne et l’Ourcq, et qui vient même, par une petite opération, le 15 juin, de reprendre presque tout le terrain perdu le 12 et le 13. Il apparaît immédiatement au général Mangin qu’il se retrouve au commandement de la 10e armée dans des conditions analogues à celles qu’il vient de quitter sur le plateau de Méry-Courcelles, et il étudie aussitôt, avec son état-major, la possibilité d’attaquer le côté ouest de la poche de Château-Thierry. Or, dès le 18 juin, il reçoit l’ordre d’étudier dans quelles conditions les communications de l’ennemi au sud de Soissons pourraient être gênées, 1° par des bombardements aériens, 2° par une légère avance de son front qui permettrait la mise en batterie de pièces de gros calibre contre les ponts de Soissons et les débouchés de la ville. Il répond dès le 20 en envoyant l’évaluation des ressources nécessaires en infanterie et en artillerie pour mener à bien cette opération, dont il prévoit immédiatement une légère extension vers le sud ; et il demande que l’exploitation du succès soit envisagée.

Pour partir dans de bonnes conditions, il propose une série de petites opérations destinées à améliorer sa base de départ ; c’est ce qu’il appelle la première phase de cette offensive. Et sans plus attendre, il passe à l’exécution. L’équipement offensif