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500 minenwerfer, 3 300 mitrailleuses, des parcs, des dépôts de munitions, tout ce que laisse derrière elle une grande armée contrainte à une retraite précipitée. Même vous avez repris à l’ennemi les dépôts où il entassait le produit de ses vols.

« Vous avez délivré de la souillure des nouveaux barbares Soissons, le Valois, toute l’Île-de-France, berceau de notre nationalité, avec ses moissons intactes et ses forêts séculaires.

« Vous avez éloigné de Paris une trop présomptueuse menace et vous avez rendu à la France le sentiment de la victoire.

« Vous avez bien mérité de la Patrie. »

Au point de vue allemand, cette victoire avait pour conséquence première d’empêcher l’offensive prévue dans les Flandres dont la préparation avait commencé le 16 au soir. Les réserves destinées à cette offensive avaient été dépensées entre la Marne et la Vesle. Elles s’y étaient usées à un tel point que leur reconstitution normale était impossible : « Comme dans toute bataille, dit Ludendorff, les pertes avaient été très notables dans les combats livrés depuis le 15 juillet. La journée du 18 en particulier et les combats défensifs qui avaient suivi, nous avaient coûté cher, bien que nous eussions récupéré nos blessés et que le nombre des soldats faits prisonniers n’eût pas été notable. (Il dépassait pourtant le chiffre de 30 000 pour les 10e, 6e et 5e armées françaises.) Les pertes causées par la lutte étaient si importantes que nous dûmes nous décider à dissoudre environ 10 divisions, dont l’infanterie devait être attribuée à d’autres comme renfort. »

Ludendorff, qui a le louable souci de se documenter après chaque opération et d’en tirer des leçons le plus souvent fort judicieuses, a été médiocrement renseigné sur la dernière bataille. Il la voit précédée d’une préparation d’artillerie courte et massive et d’une émission de brouillards artificiels qui sont de pure imagination ; il suppose une invention nouvelle : « On vit des chars qui ne servaient qu’au transport des troupes. Ils traversaient nos lignes et, déchargeant les occupants qui formaient des nids de mitrailleuses derrière nous, retournaient chercher des renforts. » Le char pour voyageurs reste à trouver.

La présence des 1re  et 2e divisions américaines, qui attaquèrent si brillamment vers Vierzy et Dommiers, capturant à elles seules 7 200 prisonniers et 91 canons, parait lui avoir