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sa dynastie, fait exposer à son gouvernement l’idée de continuer des négociations de paix indépendantes des pourparlers d’armistice. L’armistice ne conduisait pas par lui-même à la paix, mais le progrès des négociations pour la paix amènerait de meilleures conditions pour l’armistice, qui seraient réglées entre militaires. « Si le front continue à se consolider comme dans les dernières semaines, si également les succès de l’Entente par suite du mauvais temps se ralentissent, enfin si les négociations de paix progressent, l’influence de Wilson et celle des éléments de l’Entente favorables à la paix prendront une importance plus considérable. » Et Sa Majesté désire vivement connaître l’opinion du gouvernement sur ces idées. Il est bien malheureux pour le monde que les vues de Guillaume II et du général Gröner n’aient pas prévalu dans les conseils du gouvernement allemand. Il se résolut à envoyer le 7 novembre la commission chargée de négocier l’armistice.

Les gouvernements de l’Entente, enfin renseignés par le Président Wilson sur les ouvertures faites par l’Allemagne, avaient demandé au maréchal Foch de déterminer « les conditions militaires auxquelles peut être consenti un armistice capable de protéger, d’une manière absolue, les intérêts des peuples intéressés et d’assurer aux gouvernements associés le pouvoir sans limite de sauvegarder et d’imposer les détails de la paix, à laquelle le gouvernement allemand a consenti. » L’expert militaire de l’Entente détermine ces conditions en conscience : la livraison d’un important matériel de guerre qui désarmait l’armée et la marine allemandes et l’occupation de la rive gauche du Rhin et des trois têtes de pont de Mayence, Coblence et Cologne dans un rayon de 30 kilomètres sur la rive droite, avec une zone neutre de 10 kilomètres en avant des territoires occupés. L’armistice n’était conclu que pour une durée d’un mois, et son renouvellement, s’il était nécessaire, permettait d’exiger des conditions nouvelles.

Le Conseil supérieur de Guerre des Alliés se réunit à Versailles le 31 octobre, et, le 1er  novembre, les propositions du maréchal Foch furent approuvées, avec la livraison d’un matériel supplémentaire.

Le 9 novembre, la délégation allemande se présentait à Rethondes près de Compiègne, où le train du maréchal était garé. Les Alliés jugeaient que l’armistice devait garder le carac-