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directe, par persuasion, par prestige personnel ; le général Nivelle l’obtient régulièrement en 1917, mais l’action du gouvernement français la détruit. Il faut l’imminence du danger et sa pleine compréhension pour qu’elle se reconstitue au printemps 1918, et encore par trois étapes successives, dans la personne du maréchal Foch, qui veut et sait attaquer : c’est la victoire certaine.

Car l’État-major est là, qui saura transmettre la volonté du chef et veiller à son exécution. Le maréchal de Moltke, — l’ancien, — a dit : « Nos ennemis peuvent envier notre Grand État-major ; ils ne peuvent l’égaler. » L’École de Guerre a donné au moins aussi bien à l’armée française ; un corps d’officiers consciencieux, à l’intelligence ouverte, restés près de la troupe, où ils se sont retrempés au cours de la campagne, qui ont su réduire dans une large mesure les préventions forcées contre les titulaires d’un brevet et de fonctions exceptionnelles. Les cours d’état-major ont permis de les renforcer largement par des officiers choisis dans le rang.

Quant aux cadres de la troupe, considérablement augmentés par les créations nouvelles, les pertes y creusent constamment de larges vides que remplissent les officiers de complément. Les nouveaux promus sont choisis sur leur valeur personnelle et avant tout sur leur conduite au feu. Les officiers de carrière, restés en petit nombre, leur transmettent les traditions militaires, qui germent vite dans un sol préparé par une longue hérédité.

Sans cesse des cours nombreux comblent les lacunes de l’instruction et montrent les transformations incessantes de la guerre moderne.

Les troupes s’instruisent dans des camps où elles passent des périodes toujours trop courtes par suite des opérations et des travaux. Elles sont l’objet de soins constants, d’attentions vigilantes pour leur bien-être, et elles sentent sur elles l’affection efficace de leurs chefs. Le général Pétain, commandant en chef des armées françaises, veille très particulièrement sur leur moral ; il sait donner toute leur importance à l’alimentation des troupes et au tour régulier des permissions.

Sans doute, l’organisation générale aurait pu bien avantageusement s’alléger par suite de l’extension du front anglais et de l’entrée en ligne de l’armée américaine, et le groupe d’armées, maintenu dans les armées françaises, s’affirmait nette-