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comment finit la guerre.

ment inutile et de plus en plus lourd. Sans doute, l’instruction avait été menée surtout dans l’hypothèse de la guerre de positions. Mais tel quel, l’instrument restait maniable dans une main vigoureuse, et il s’est montré efficace.

Dans les armées allemandes, les mêmes causes produisaient les mêmes effets, les mêmes cours s’instituaient, avec des programmes analogues, jusqu’à la fin de 1917. À ce moment, la supériorité des effectifs permit de consacrer plus de temps à l’instruction de la troupe, qui fut poussée vers la guerre de mouvement et dans un sens nettement offensif. Les opérations sur le front oriental y préparaient les cadres et les troupes. La supériorité de l’instruction était plutôt du côté allemand.

Mais le corps d’officiers restait très éloigné des hommes ; pour le compléter, le commandement s’était presque exclusivement adressé à certaines classes sociales, et des sous-officiers anciens et braves, très en état de remplir des fonctions au-dessus de leur grade, se voyaient préférer de tout jeunes gens qui avaient encore à faire leurs preuves. Ces passe-droits et cette vie de privilège en campagne semait un sourd mécontentement qui devait se manifester dès les premiers revers. En 1918, le moral des Allemands apparaît comme inférieur à celui des Français.


En suivant la variation d’effectifs dans les deux camps, on se rend compte de l’influence des pertes sur la conduite générale de la guerre et de l’effort militaire des populations. La politique des effectifs, comprise différemment par chaque parti, reflète l’outrance germanique en même temps que l’équilibre modéré des conceptions françaises. D’utiles leçons en résultent.

La déclaration de guerre provoqua dans la nation française une explosion de patriotisme dont le souvenir est encore dans toutes les mémoires. Le plan de mobilisation mettait sous les armes près de 4 millions d’hommes et il fut réalisé avec un succès qui dépassa toutes les espérances. Le déchet de 10 pour 100 prudemment prévu fut loin d’être atteint et la seule gêne fut que les réservistes, dont l’appel était échelonné pour faciliter leur incorporation, devancèrent en foule la date de leur convocation ; il fallut la bonne volonté de tous pour atténuer les inconvénients de cet encombrement. À peine habillés et armés par leur dépôt, les soldats rejoignaient le front, où les événe-