Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/800

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
798
revue des deux mondes.

Il restera à établir le plan de mobilisation et de transport des contingents coloniaux, enfin leur utilisation sur les théâtres d’opérations en fonction de leur débarquement en Europe.

L’annexion militaire de nos colonies est faite ; il faut le constater et tirer de cette situation toutes ses conséquences. La première, c’est que notre armée permanente peut comprendre environ 300 000 indigènes coloniaux en France, sur le Rhin, ou dans les eaux métropolitaines ; notre prochaine loi militaire doit escompter ce facteur et la fixation de la durée du service militaire obligatoire dans la métropole dépend essentiellement de l’organisation de nos ressources coloniales. C’est seulement quand ces 300 000 coloniaux seront organisés que le temps du service militaire pourra être fixé pour la métropole.

La seconde, c’est que nous disposons, en cas de conflit mondial, d’un supplément de plusieurs millions de combattants, dont le transport en Europe constitue un problème à résoudre ; mais la solution n’en a rien de particulièrement difficile, surtout si l’on admet la construction d’un chemin de fer transsaharien, qui s’impose pour beaucoup d’autres motifs ; ce fait nouveau, capital, il faut que tous en tirent quelques conséquences, en France, — et ailleurs également.

L’acclimatation physique et morale de ces recrues est à organiser de toutes pièces ; l’habitude de la vie en commun sera prise aux colonies, où l’indigène sera dégrossi sur place, dans son pays d’origine, pendant six mois par exemple ; en Algérie et dans le Midi de la France, il s’instruira pendant six autres mois ; enfin, le voici apte à entrer dans nos troupes de couverture pour deux ans environ, sur le Rhin, dans l’Est ou le Nord de la France, et sur tous les théâtres de notre action extérieure. L’instruction des nouvelles levées sera complétée par des écoles de cadres et de spécialités ; l’accession aux grades d’officier sera accordée sans autre limitation que le mérite personnel.

Notre politique coloniale ne sera pas modifiée par l’organisation nouvelle, mais ses directions générales s’affirmeront de plus en plus vers la collaboration des indigènes et leur assistance matérielle et morale. Les services qu’ils nous ont rendus au cours de cette guerre et ceux que nous allons leur demander créent entre eux et nous des liens nouveaux d’affection et de reconnaissance. Nous nous efforcerons de plus en plus de con-