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mois après, le Kaiser parlait encore de « la méprisable petite armée du maréchal French. » Ils méconnaissaient entièrement la race dont elle était sortie et ne se doutaient pas que l’Empire britannique lèverait au cours de la guerre 9 400 000 hommes et aurait sous les armes, à la fin des hostilités, 5 700 000 hommes, dont 3 340 000 au combat sur les divers théâtres d’opérations.

L’organisation de ces forces a été réalisée par le maréchal lord Kitchener, ministre de la guerre. 7 divisions actives envoyées en France furent rapidement rejointes par les 14 divisions territoriales mobilisées. Puis il forma 5 armées de 6 divisions chacune, soit 30 divisions nouvelles, et en même temps 20 divisions territoriales nouvelles. Sur le front de France, il y avait 118 000 hommes en août 1914 ; 1 120 000 hommes en janvier 1915, 1 700 000 en janvier 1916 au moment du vote de la conscription, 1 831 000 en janvier 1917 ; les effectifs passèrent par un premier maximum de 1 884 000 en septembre 1917 pour retomber à 1 831 000 par l’envoi de 5 divisions en Italie. Les pertes par l’offensive allemande de mars 1918 sont compensées par le retour de 3 divisions d’Italie et de 2 divisions de Palestine et par de nouvelles incorporations, et on passe en juillet 1918 par un nouveau maximum de 1 898 000 hommes. Fin octobre, l’effectif en Belgique est de 1 848 000 hommes, inférieur de 50 000 à celui de juillet, mais supérieur de 20 000 à celui de mars. En outre, les garnisons des Îles Britanniques comptent 1 800 000 hommes, et c’est une réserve où la situation permet des prélèvements importants. Au moment de l’armistice, l’armée britannique est dans les meilleures conditions pour continuer la lutte.

De ses possessions d’outre-mer, le Royaume-Uni tira des ressources considérables. Les Dominions lui fournirent d’admirables troupes, égales aux meilleures sur les champs de bataille européens : le Canada 628 000 hommes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande 648 000, dont 440 000 ont servi outre-mer, l’Afrique du Sud 200 000, l’Inde 1 160 000 hommes.

Les troupes britanniques luttèrent aux côtés des troupes françaises aux Dardanelles, en Macédoine, en Italie et au Cameroun ; elles assurèrent seules la charge des opérations, souvent très lourde, en Mésopotamie, en Palestine et dans l’Est Africain.

Pendant que la marine française s’assurait la maîtrise de la Méditerranée, la marine britannique contrôlait toutes les autres