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franchir en ondulant et sans changer sa direction un obstacle de 10 centimètres de haut, ce que fera au contraire sans même s’en apercevoir un boa aux ondulations beaucoup plus grandes.

De là vient que, des deux télégraphies également sans fil, la télégraphie optique et la radiotélégraphie, celle-ci est la seule qui ait une importance pratique.

Pour donner une idée des ondes pratiquement employées en T. S. F., je dirai seulement que les ondes hertziennes utilisées pour l’envoi des signaux horaires quotidiens de la Tour Eiffel ont une longueur d’onde d’environ 2 500 mètres. Les signaux horaires envoyés par la puissante station radiotélégraphique de la Dona (près Lyon), ont une longueur d’environ 15 000 mètres.

Ces ondes sont trente milliards de fois plus longues que les ondes lumineuses. Elles contourneront donc aussi facilement un obstacle de 6 000 kilomètres (tel est le rayon de courbure de la Terre) qu’un rayon lumineux contournerait, en diffusant, un obstacle de deux dixièmes de millimètre. On conçoit dans ces conditions que les ondes de la T. S. T. puissent faire la tour de la Terre.

C’est par des moyens purement artificiels que les ondes hertziennes ont été découvertes. Et on pouvait se demander s’il existe dans la nature des conditions analogues à celles, si complexes, qui, dans 16 laboratoire, donnent naissance à ces ondes. La nature a répondu oui. Les ondes hertziennes sont d’origine électrique et sont produites par l’étincelle oscillante. Or, il existe naturellement des étincelles oscillantes, — l’expérience l’a prouvé, — ce sont les décharges électriques des orages, ce sont les éclairs. Ainsi Jupiter tonnant avait précédé Hertz depuis longtemps, mais nous n’en savions rien.

La science consiste ainsi, le plus souvent, à découvrir les choses qui existent de toute éternité…, je veux dire depuis qu’il y a des hommes, mais que nos sens grossiers n’apercevaient pas ; elle consiste en un mot à mettre des prolongements, des rallonges à notre sensibilité, à notre perceptivité médiocres, et à soulever, grâce à elles, les voiles décevants sous lesquels la nature cache sa nudité. La science consiste aussi parfois, — et c’est alors que savoir devient pouvoir, — à créer des réalités qui n’existaient pas, dont les possibilités, dont les conditions seules existaient : c’est ainsi qu’un très grand nombre des substances créées par la chimie organique n’ont jamais existé dans la nature, et sont surajoutées à la création.

Or depuis de longues années, et dès les débuts mêmes de la radio-télégraphie, certains savants (et notamment MM. Popoff en Russie,