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toutes les étoiles du ciel boréal. Elle est encore visible actuellement comme étoile de treizième ou quatorzième grandeur et on a retrouvé sa trace comme étoile de cet ordre de grandeur sur des clichés célestes datant de vingt ans avant la découverte. Sa couleur, sa luminosité, son spectre ont fait l'objet des travaux les plus remarquables. Mais le plus extraordinaire des phénomènes manifestés par cette étoile est celui-ci : En photographiant à diverses dates la région du ciel voisine de Nova Persœi, on a constaté, peu après l'apparition de cette étoile, que cette région contenait une nébuleuse brillante, et que, chose étonnante, cette nébuleuse paraissait s'éloigner de l'étoile concentriquement à celle-ci et avec une vitesse telle (étant donnée la parallaxe de l'étoile) qu'elle devait être voisine de la vitesse de la lumière, 300 000 kilomètres à la seconde.

Ce phénomène surprenant a donné lieu à des hypothèses variées. Certains ont pensé que la Nova se trouvait dans une région du ciel où flottaient des gaz nébulaires obscurs, comme ceux dont Bernard a découvert de vastes étendues en divers points du firmament. La lumière intense émise par la Nova lors de la sorte d'explosion qui lui a donné naissance se serait propagée de proche en proche à travers cette nébuleuse obscure, en rendant successivement visibles les diverses régions qu'elle rencontrait, de même que la lumière d'un projecteur balayant le ciel y fait apparaître successivement les divers nuages rencontrés par le faisceau lumineux.

On a aussi pensé qu'il pouvait s'agir des gaz incandescents projetés par la Nova au moment de sa formation explosive et qui auraient été lancés loin d'elle de manière à produire les apparences observées. Mais les plus grandes vitesses mesurées en astronomie ne dépassent guère mille kilomètres par seconde ; ce sont celles qu'on observe dans les nébuleuses spirales. Les vitesses constatées dans les explosions protubérantielles de l'atmosphère solaire sont encore inférieures à cela. Nous sommes loin de compte, bien que, malgré tout, les radiations cathodiques nous aient montré- la possibilité d'émissions matérielles dont la vitesse approche de celle de la lumière.

Nous avons proposé nous-même,à l'époque, d'expliquer les apparences extraordinaires constatées autour de la Nova de Persée par les ondes hertziennes intenses que les décharges électriques de l'atmosphère de la Nova ont dû produire, comme font les décharges électriques de nos petits orages terrestres. Ces ondes se propagent, on le sait, avec la vitesse de la lumière, et comme elles ont la propriété d'illuminer les gaz raréfiés, il est naturel qu'elles aient rendu incan-