Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/876

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indispensables aux colonies, les pathologistes ont déjà maintes fois renversé et doivent renverser plus souvent encore dans l’avenir les principaux obstacles qui se dressent entre les Français et leurs richesses coloniales.

On ne peut donc que souhaiter, comme l’a fait la Société de pathologie exotique, que les voix des savants compétents soient à cet égard mieux écoutées dans l’avenir qu’elles ne le furent dans le passé. Le gouvernement eût été bien inspiré de solliciter leurs conseils lorsqu’il résolut naguère d’entreprendre l’expédition de Salonique ou de reconstituer l’armée serbe à Corfou et à Bizerte.

Et que de douloureuses expériences il se fût épargnées, s’il avait tenu compte des avertissements et des travaux de ces hommes lorsqu’il a fallu organiser l’armée noire !

Malheureusement, notre bureaucratie continue à vouloir tout régenter du haut de son omnipotence ignorante, sans daigner le plus souvent recourir aux avis des hommes compétents. Nous en donnerons tout à l’heure un exemple curieux, à propos de la lutte contre les rats, entreprise à Paris pour y éviter précisément certain tléau exotique. Mais voici mieux encore : en 1917, le Bulletin de la Société de Pathologie exotique a publié une note relative à un projet d’organisation des services d’hygiène publique dans nos colonies. On y insistait avec raison sur la nécessité, au moins pour chaque groupe de colonies, de s’attacher un nombre suffisant de médecins sanitaires, hygiénistes professionnels, possédant une solide instruction technique, aussi indépendants que possible de l’Administration (Timeo Danaos…) bien que faisant partie des divers comités consultatifs et des conseils de gouvernement, ayant une situation stable, réunissant entre leurs mains les pouvoirs d’initiative, de coordination et de contrôle de tout ce qui se rapporte à la recherche et à la prophylaxie des maladies virulentes, à l’ssainissement général des pays et à celui des agglomérations.

Cette note approuvée par la Société, le Bureau, — qui compte les spécialistes les plus éminents du pays et, à côté des Laveran et des Calmette, des hommes illustrés par leurs travaux de pathologie coloniale comme Marchoux, Mesnil, Ronbaud et tant d’autres, — la transmit ofticiellement aux ministères qu’elle concernait (Affaires étrangères et Colonies). Eh bien ! depuis lors, — et cela se passait il y a trois ans écoulés. — cette note n’a reçu aucune suite !

On reconnaîtra là, avec tristesse, mais sans étonnement, les errements qui ont fait déjà tant de mal au pays, et qui plus récemment se