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libérées sont soumis à la frontière à des mesures sanitaires sévères. Ces mesures sont simples : elles consistent à épouiller les individus malpropres et leurs vêtements et leurs effets. Ceux-ci sont passés à l’ctuve ou soumis, suivant les heureuses suggestions du professeur Bertrand, de l’Institut Pasteur, à l’action, très efficace en ce cas, des gaz asphyxiants (notamment de la chloropicrine), qui ont trouvé ici un emploi pacifique assez inattendu.

C’est le moment de redoubler d’hygiène et de propreté, et notamment d’imposer un épouillage vigoureux aux enfants trop souvent malpropres des quartiers excentriques. ce prix, le typhus restera peu dangereux.


Reste


Ce mal qui répand la terreur
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,


je veux dire la peste bubonique. Il s’agit bien en effet dans la fable de La Fontaine de la peste bubonique, et non pas de sa sœur, la peste pulmonaire, la « peste noire » du moyen-âge qui, il y a quelques années, dépeupla la Mandchourie.

Ce qui le prouve c’est qu’ « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Ceci correspond bien à la peste bubonique dont la mortalité ne dépasse guère 70 pour 100, tandis que celle de la peste pulmonaire est de 100 pour 100 et que tous les malades frappés par celle-ci meurent sans exception.

Il faut d’ailleurs remarquer que la peste bubonique et la peste pulmonaire sont l’œuvre d’un seul et même malfaiteur, le microbe découvert par Yersin (encore un Français) en 1894.

Depuis l’antiquité et bien avant la peste d’Athènes décrite par Thucydide, et surtout depuis le moyen âge, qui vit un peu partout des épidémies effroyables de peste, ce mot seul a conservé dans le peuple une sorte de prestige terrifiant et de pouvoir d’épouvante.

C’est bien à tort, car, pour les raisons que nous dirons, il est bien probable que l’Europe ne reverra plus d’épidémie vraiment meurtrière de peste.

Ainsi la grippe, la fameuse grippe de l’autre hiver, a tué, dans le monde et en France même, comme dans tous les pays, infiniment plus d’hommes que ne fit jamais aucune épidémie de peste. Mais