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INTRODUCTION

Fondée en 1831, la Revue des Deux Mondes compte quarante-quatre années d’existence. Elle date de ce grand mouvement intellectuel qui s’est produit vers la fin de la restauration et s’est développé avec tant d’éclat au lendemain de la révolution de juillet.

À cette époque, la littérature n’était pas moins agitée que la politique. On ne connaît plus aujourd’hui que par le souvenir les querelles qui divisaient alors le monde des lettres et des arts, querelles ardentes, éloquentes et fécondes, qui s’étendaient à toutes les manifestations de l’esprit, à la poésie, au drame, au roman, à la philosophie, à l’histoire. La Revue est née de ce mouvement, elle y a pris une part considérable soit par les œuvres originales qu’elle a mises au jour, soit par la discussion et la critique.

Il a été bien difficile en tout temps de rapprocher, de concilier la critique et l’imagination. Ouverte aux talens les plus divers dans le domaine de l’imagination, sans distinction d’école, la Revue a soutenu avec fermeté les droits de la critique. Gustave Planche et Sainte-Beuve sont ses témoins. Planche, d’un jugement si sur et d’un caractère si indépendant, Sainte-Beuve, avec sa finesse de goût et son érudition si complète, ont exercé sur la littérature contemporaine une influence décisive. La Revue s’honore d’avoir accueilli dès leurs débuts ces écrivains d’ordre supérieur, elle leur a toujours conservé la parole libre, et elle s’est appliquée à relever par eux la puissance et la dignité de la critique. « L’honneur du directeur de la Revue, écrivait Sainte-Beuve en 1844, est de n’avoir jamais laissé rompre l’équilibre aux dépens de la critique, et d’avoir maintenu, fait prévaloir en définitive l’indépendance de ses jugemens[1]. »

Ce régime de discussion, qui convient d’ailleurs à une publication périodique, a-t-il eu pour effet d’écarter les œuvres originales où l’imagination se déploie en pleine liberté ? Il suffit de parcourir la Table de la

  1. La Revue des Deux Mondes, par Sainte-Beuve, livraison du 15 décembre 1844.