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ANALYSESbeneke. — Lehrbuch der Psychologie.

sympathie d’activité. Si, au commencement, elle avait à exprimer le sens d’oppression et de suffocation, elle appartiendrait plutôt à la sympathie de passivité qu’à celle d’activité, et un son provenant de la sympathie de passivité approche beaucoup d’un son interjectionnel ou mimétique.

M. le professeur Noiré a découvert une nouvelle source, je le crois bien ; mais, lorsqu’il développera sa théorie plus en détail, il trouvera probablement que les centres primitifs de force, desquels rayonnaient les rayons infinis de la pensée, ne se trouvent pas tous dans la même direction. Il y a longtemps que Locke a remarqué, et d’autres l’ont remarqué avant lui, que tous les mots exprimant des idées immatérielles sont dérivés de mots désignant des sujets matériels, « à l’aide desquels, comme il dit, nous pouvons conjecturer quelle espèce de notions, et d’où dérivées, remplissaient l’esprit de ceux qui furent les premiers auteurs du langage. »

Nous pouvons aisément croire que les occupations quotidiennes leur ont fourni les premiers concepts par lesquels ils saisissaient graduellement tout ce qui attira leur attention. S’ils avaient un mot pour tresser ou tisser, ils en pouvaient dériver non-seulement le nom de l’araignée, mais aussi celui du poëte, qui entrelace et unit des pensées et des mots.

Je suis d’accord, en conséquence, avec M. Noiré, sur ce point que les occupations primitives de l’homme et les sons qui les accompagnaient fourniraient d’amples matériaux pour en former un dictionnaire complet. Je lui accorde aussi que l’homme trouve les métaphores les plus naturelles pour exprimer des phénomènes naturels en les rapportant à lui-même, en les regardant selon sa nature d’homme. Lorsqu’il avait à désigner la couleur rouge, il la nommait une couleur criarde ; un goût amer était un goût mordant ; un son aigu (perçant) était pour lui un son tranchant. Tout cela est vrai et beaucoup d’autres choses aussi. Mais, quoique je dise volontiers à M. Noiré : εὓρηϰας, je reste d’avis que nous ne devons pas fermer toutes les autres portes qui pourraient conduire dans les passages obscurs du langage, et que, dans nos recherches dans les premières ramifications de la pensée humaine, nous devons craindre surtout ce grand ennemi de toute vérité, — le dogmatisme.

F. Max Müller.



E. Beneke. — Lehrbuch der Psychologie als Naturwissenschaft neu bearbeitet und mit einem Anhange über Beneke’s sämmtliche Schriften versehen (Manuel de psychologie comme science naturelle), von J.-G. Dressler. Berlin, 1877. Mittler und Sohn. Vierte Auflage.

L’auteur de ce livre, dont la quatrième édition vient de paraître, est