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analyses.zœllner. Theorie der materie.

peuvent se présenter. — Ou bien la distance est grande et la vitesse relative médiocre ; et alors les deux atomes, que nous supposerons marchant d’abord l’un vers l’autre, ne peuvent s’approcher que jusqu’à une certaine distance finie, et s’éloignent ensuite à l’infini : le mouvement n’est pas périodique, et ne correspond pas à ce qu’on peut appeler un état d’agrégation de la matière électrique. — Ou bien les distances initiales étant très-faibles et la vitesse suffisamment considérable, les deux atomes se rapprochent d’abord jusqu’à la distance zéro, pour s’éloigner ensuite du côté opposé (en se traversant pour ainsi dire). Bientôt ils reviennent sur eux-mêmes, et ils continuent à osciller de manière que leur distance varie, à chaque période complète, de à , en passant par zéro ; est, bien entendu, une quantité très-petite. On a, dans ce dernier cas, un exemple de ce que l’on est convenu d’appeler un mouvement stationnaire : les deux atomes, liés en quelque sorte l’un à l’autre par une manière de lien extensible, ne forment qu’une seule molécule double, animée d’un mouvement vibratoire intérieur. On peut désigner ce cas-là sous le nom d’action électrique moléculaire, par opposition à l’action électrique lointaine. L’analyse mathématique établit que le passage de l’action lointaine à l’action moléculaire et réciproquement est impossible, à moins d’une action puissante exercée momentanément par un troisième corps, étranger au système des deux atomes que l’on considère.

Si au lieu de considérer les atomes électriques comme libres, on les suppose adhérents à des atomes matériels, inertes[1] par eux-mêmes, le mouvement moléculaire de deux atomes de même nom n’est modifié que dans la vitesse avec laquelle il s’effectue. La molécule complexe formée de quatre atomes, deux matériels et deux électriques, fournit un exemple du mouvement vibratoire intérieur, que l’on assigne aux molécules pondérables en se fondant sur la théorie mécanique de la chaleur. Ce mouvement vibratoire est d’une grande stabilité, et l’on comprend qu’il en serait de même pour des systèmes plus complexes, formés par plus de deux atomes électriques avec ou sans matière adhérente. En variant les conditions initiales de distance et de vitesse, ainsi que les masses, on peut imaginer un nombre indéfini de systèmes stables suffisant à expliquer le nombre prodigieux de corps composés distincts que la chimie minérale et surtout organique nous apprennent chaque jour" à produire, ou du moins nous laissent soupçonner. Les phénomènes de la combinaison et de la décomposition, le rôle que jouent la chaleur et l’électricité dans la production ou la destruction des systèmes moléculaires, se trouvent ainsi éclairés de ce jour un peu vague qui appartient, à l’origine, aux théories vraies mais incomplètes, comme aux théories simplement spécieuses et plus ou moins inexactes.

Le cas de deux atomes électriques de nom contraire n’est pas moins

  1. Dans ce système, la gravitation est attribuée à une légère différence d’action entre les deux espèces d’électricité.