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É. Littré. — La Constitution de la science sociale par Guarin de Vitry. — Notes sociologiques par E. de Roberty.

La Revue scientifique, dirigée par É. Alglave (janvier, février et mars).

L’action réflexe cérébrale (Léon Dumont). — La logique des sciences. — La Biologie d’Herbert Spencer (Cazelles). — Physiologie mentale (Jackson). — L’hérédité (Galton). — La science sociale. Spencer et Cairnes.




CORRESPONDANCE

Au sujet d’un fait psychologique relaté dans le no 2 de la Revue philosophique, p. 222, nous avons reçu deux lettres. L’une est due à M. Horwicz qui incline à une explication physiologique :

Je n’ai jamais encore, dit-il, rencontré une monographie précise du fait dont il s’agit (le souvenir du souvenir). Je sais cependant qu’un auteur a rapproché ce phénomène du cas de double conscience, du cas où les malades entendent une voix intérieure qui correspond à toutes leurs pensées, et qu’il explique tous ces phénomènes par un désaccord dans le fonctionnement des deux hémisphères du cerveau. Voir Huppert : De la double perception et de la double pensée, dans les Archiv für Psychiatrie, tome III, p. 66 et suiv., et Allgemeine Zeitschrift für Psychiatrie, tome 26, p. 529. — Cette explication, ajoute M. Horwicz, est ingénieuse ; mais je ne la crois pas suffisante.

L’autre est due à M. Boirac, professeur de philosophie au lycée de Poitiers, qui incline à une explication psychologique. Le manque d’espace nous force à abréger considérablement sa lettre :

1o Avant d’examiner le fait décrit dans la note, je rapporterai une illusion de la mémoire qui me semble à peu près du même genre.

Il m’est arrivé, voyant pour la première fois un monument, un paysage, une personne, de porter tout à coup et malgré moi ce jugement : J’ai déjà vu ce que je vois. Impossible de dire en quel lieu ni en quel temps : la reconnaissance et comme la sensation du déjà vu n’en était pas moins très-vive et très-nette. Elle ne disparaissait pas à la réflexion, mais au contraire semblait s’accroître. Je les ai principalement observées en moi, lorsque j’arrivais, pour y demeurer, dans une ville qui m’était encore inconnue. — Je l’ai encore éprouvée dans mes lectures : subitement, sans raison apparente, je me rappelle avoir lu cette page, ces lignes, ces mots même imprimés avec ces caractères ; et la saveur particulière de l’état mental où je me trouvais alors me revient encore toute fraîche. Il va sans dire que cela est imaginaire et que je n’ai jamais lu ce livre-là. — D’autres fois, assistant à une conversation, à une situation d’ailleurs tout à fait insignifiante, il m’arrive de reconnaître à faux, par une sorte de réflexion soudaine, une combinaison de paroles, de mouvements, de sentiments dont je crois être témoin pour la seconde fois. — J’ai entendu dire à plusieurs personnes qu’elles connaissaient aussi par expérience cette illusion de la mémoire.

Comment expliquer ce phénomène ? — Faut-il supposer que comme l’imagination, la mémoire a ses hallucinations propres ?

En attendant mieux, je me hasarde à proposer une explication psychologique. Je ne la donne que comme une hypothèse à examiner.

La condition subjective de la reconnaissance est peut-être la présence sous