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REVUE PHILOSOPHIQUE

n’aurait-il pas le droit de se croire la fin la plus importante de la Providence, non pas dans l’univers, pris dans son ensemble, mais relativement au petit coin que nous en connaissons ; et cela, sans affirmer en aucune façon que même dans ce petit coin, tout soit fait exclusivement pour lui ?

En un mot, la finalité intérieure suppose une finalité extérieure ; et celle-ci n’est que la réciproque de la première. Si l’homme d’après son organisation est fait pour se servir des choses, ces choses réciproquement sont faites pour être utilisées par lui ; et dans la mesure où il se sert et peut se servir de ces choses, il a le droit de se considérer comme en étant lui-même une fin. C’est en ce sens et dans cette mesure qu’il faut restreindre la proposition générale dont on a abusé, à savoir que l’homme est le but de la création, du moins du petit monde qu’il habite[1].

P. Janet,
de l’Institut.
  1. On peut l’entendre encore avec Kant, dans un sens bien plus élevé, en disant que le monde n’existe que pour être le théâtre de la moralité.