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HERBERT SPENCER. — PSYCHOLOGIE COMPARÉE DE L’HOMME

l’âge de puberté, rapport que l’on remarque dans quelques cas ? (c) L’affaiblissement mental se produit-il d’autant plus tôt que l’évolution mentale est plus rapide ? (d) Pouvons-nous affirmer sous tous les autres rapports que là où le type est inférieur, le cycle entier des modifications mentales depuis la naissance jusqu’à la mort, c’est-à-dire l’accroissement mental, son état stationnaire, son affaiblissement, se produit pendant un intervalle de temps plus court ?

Plasticité relative. — Y a-t-il quelque rapport entre le degré de plasticité mentale qui persiste pendant l’âge adulte et le caractère de l’évolution mentale, sous le rapport de la masse, de la complexité et de la rapidité ? Si nous jetons les yeux sur l’ensemble du règne animal, nous y trouvons de nombreuses raisons pour associer un type mental inférieur et rapidement complété, à une nature relativement automatique. L’expérience individuelle n’a qu’une action bien faible sur les êtres à organisation infime qui sont presque entièrement guidés par les actions réflexes. À mesure que la structure nerveuse se complique, son action tend à ne plus se renfermer aussi rigoureusement dans des limites établies d’avance ; et plus nous nous rapprochons des animaux les plus parfaits, plus l’expérience individuelle joue un rôle considérable pour déterminer la conduite ; la faculté de ressentir de nouvelles impressions et de profiter de l’expérience acquise augmente constamment. Les races humaines inférieures et supérieures diffèrent sous ce rapport. Un grand nombre de voyageurs font remarquer que les coutumes des sauvages ne changent jamais. Les nations demi-civilisées de l’Orient, dans l’antiquité ou à l’époque actuelle, étaient ou sont encore caractérisées par une rigidité de coutumes plus grandes que les nations plus civilisées de l’Occident. L’histoire des nations les plus civilisées nous prouve que la plasticité des idées et des coutumes était moindre anciennement qu’elle ne l’est à présent. Si nous étudions avec attention les choses ou les individus qui nous entourent, nous remarquons bientôt que plus le développement de l’esprit est considérable, plus l’esprit est plastique. On pourrait, aux recherches qui ont trait à cette plasticité relative dans ses rapports avec la précocité et l’achèvement rapide du développement mental, ajouter avec fruit des recherches ayant trait à ses rapports avec l’état social que cette plasticité tend à déterminer ; et qui, à son tour, réagit sur elle.

Variabilité. — Dire d’une nature mentale que ses actes sont extrêmement inconstants, et dire en même temps que cette nature mentale n’est relativement pas sujette aux changements, semble impliquer une contradiction. Mais cette prétendue contradiction disparaît si le terme inconstant s’applique aux manifestations