Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/113

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Il suffira de remarquer que la même règle générale qui détermine la valeur des produits agricoles et des objets manufacturés, s’applique également aux métaux. Leur valeur ne dépend ni du taux des profits, ni de celui des salaires, ni de la rente des mines, mais de la quantité totale de travail nécessaire à l’extraction du métal et à son transport.

Comme celle de toute autre marchandise, la valeur des métaux éprouve des variations. Il peut se faire dans les instruments et dans les machines consacrées à l’exploitation des mines, des améliorations au moyen desquelles il y ait une grande diminution de travail ; on peut découvrir de nouvelles mines plus productives, qui, avec le même travail, donnent plus de métal, ou bien on peut rendre les transports plus faciles. Dans tous les cas, les métaux baisseraient de valeur, et ne s’échangeraient plus que contre une moindre quantité d’autres articles. Au contraire, si la difficulté d’obtenir le métal devenait plus grande par la nécessité d’exploiter la mine à une plus grande profondeur, par l’affluence des eaux ou par tout autre accident, sa valeur, par rapport à celles des autres objets, pourrait hausser de beaucoup.

C’est donc avec raison que l’on a dit que les monnaies d’or et d’argent, avec quelque scrupuleuse exactitude qu’elles soient fabriquées d’après le type national, sont toujours sujettes à des variations de valeur non-seulement accidentelles et passagères, mais même permanentes, comme toute autre marchandise.

La découverte de l’Amérique, et celle des riches mines qu’elle renferme, produisit un effet remarquable sur le prix naturel des métaux précieux. Il y a des personnes qui croient que cet effet se prolonge encore. Il est cependant probable que toute l’influence produite par la découverte de l’Amérique sur la valeur des métaux a cessé depuis longtemps ; et si, depuis quelques années, les métaux précieux ont éprouvé quelque déchet dans leur valeur, on ne doit l’attribuer qu’aux progrès qu’on a faits dans l’exploitation des mines[1].

    Le propriétaire et l’entrepreneur trouvent tous deux qu’ils pourront se faire, l’un une plus forte rente, l’autre un plus gros profit en vendant à un prix un peu inférieur à celui de leurs voisins. » — Nous avons jugé ces diverses opinions dans notre Introduction. — A. F.

  1. Si la quantité de travail industriel nécessaire pour se procurer les métaux précieux déterminait seule leur valeur, cette valeur, au lieu de décroître comme elle a fait depuis deux cents ans, se serait accrue ; car ces frais d’extraction ont