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8 RELIQUES


puis au couvent, ce fut une dilection passionnée pour son frère Arthur qui envahit sa jeunesse, déborda ses premiers instincts de femme : « Je m’étais attachée à lui telle qu’une petite poussière d’argent qu’un artiste divin aurait coulée dans le moule d’une colossale statue d’or. » Il lui fut une raison, puis un secours pour ne pas épouser quiconque, pour demeurer purement la confidente du poète, pour être sa garde-malade évangélique dont les prières et la présence devaient l’aider à croire, surent le convertir.

« Je connais, dit-elle, ce délice qu’on nomme le dévouement et, par-dessus tout, j’ai senti l’ineffable allégresse d’aimer absolument un être de mon sang et sacré, — oh ! la tendresse fraternelle d’essence pure et divine ! — de l’aimer dans la joie, dans l’épreuve, dans le malheur, m’élançant d’esprit et de cœur vers lui ; de l’aimer dans la souffrance et dans la maladie en ne le quittant plus ; de l’aimer dans l’agonie et dans la mort en l’assistant sans faiblir, et par delà la mort en exécutant sa volonté,