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PRÉFACE 23


elle blesse cruellement ceux qui demeurent après lui.

Arthur Rimbaud est mort. Isabelle reste seule. La douleur humaine, dont elle avait appris depuis des années à connaître la cruelle diversité, lui a livré son dernier, son plus terrible secret. Elle a été « criblée comme on crible le blé »; mais, « j’ai prié pour vous afin que votre foi ne défaille point », ajoute l’Ecriture. (Saint Luc, chap. 22, v. 31-32).

Et la foi de la jeune fille ne défaille point. Sa douleur ne comporte pas de révolte. Elle ne pleure pas, du reste, « comme pleurent ceux qui n’ont pas d’espérance » (Thessaloniciens, chap. 4, v. 13). Son frère, avant de mourir, est revenu à la foi. Cette âme pour laquelle Isabelle Rimbaud avait tant prié, tant pleuré, tant lutté, cette âme, précieuse entre toutes, est sauvée : elle la reverra dans l’éternité !

Pour mesurer dans toute sa profondeur la joie de la chrétienne à cet événement, il faut s’abandonner à l’émotion des lignes par lesquelles elle annonce à sa mère la conversion de son frère, ces lignes d’alleluia triomphant, éperdu, ce cri déli-