Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/108

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Il se décida : un matin, il appela sa vieille servante pour lui faire descendre du grenier une malle qui servirait à transporter quelques-unes des précieuses robes.

— « Monsieur va en voyage ? » demanda la vieille Barbe qui, ne s’expliquant pas le nouveau genre de vie de son maître, autrefois si cloîtré, ses sorties, ses absences, ses repas au dehors, commençait à lui supposer des lubies.

Il se fit aider par elle pour dépendre et trier les toilettes et les garantir de la poussière vite envolée en nuages dans ces armoires longtemps immobiles.

Il choisit deux robes, les deux dernières que la morte avait achetées et les étala soigneusement dans la malle, égalisant la jupe, tapotant les plis.

Barbe n’y comprenait rien, mais cela la choquait de voir morceler cette garde-robe à laquelle on n’avait jamais touché. Allait-on la vendre ? Et elle hasarda :

— « Que dirait la pauvre madame ? »

Hugues la regarda. Il avait pâli. Est-ce