Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/127

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cierge à la sœur sacristine qui se tenait près d’un if de fer forgé, où bientôt l’offrande de la vieille servante brûla à son tour.

De temps en temps, elle suivait la consomption de son cierge, qu’elle reconnaissait parmi les autres.

Ah ! qu’elle était heureuse ! et comme les prêtres ont raison de dire que l’église est la maison de Dieu ! surtout qu’au Béguinage, c’étaient des Sœurs qui chantaient au jubé, avec des voix douces comme doivent en avoir les anges seuls.

Barbe ne se lassait pas d’écouter l’harmonium, les cantiques qui se dépliaient tout blancs, comme de beaux linges.

Cependant la messe était dite ; les lumières s’éteignaient.

Toutes ensemble, dans un frissonnement de leurs cornettes, les béguines sortirent — essaim qui prit son vol, sema un moment le jardin vert de blanches envergures, d’un départ de mouettes. Barbe avait suivi, mais à distance, par